A l’instar de la journée internationale de la lutte contre la corruption célébrée le 9 décembre de chaque année, l‘Union africaine a décrété le 11 juillet «Journée africaine de lutte contre la corruption». Le samedi 11 juillet 2020 marquait la quatrième commémoration de ladite journée tenue sur le thème : «Vaincre la corruption grâce à des systèmes judiciaires efficaces et efficients». Pour le contrôleur général d’Etat, Luc Marius Ibriga, cette célébration intervient à un moment où les rapports entre l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de Lutte contre la corruption (ASCE-LC) et le système judiciaire connaissent une vraie embellie. «Nous établissons les éléments de preuves et il appartient au juge ou à l’autorité compétente de sanctionner», a-t-il rappelé.
«La commémoration de cette journée est une occasion de poursuivre et d’approfondir la réflexion et le dialogue sur le rôle du système judiciaire national dans la promotion d’un plan d’action anti-corruption», déclare Luc Marius Ibriga, contrôleur général d’Etat à l’entame de son propos. A cet effet, il appelle à la responsabilité de chaque acteur, en particulier le gouvernement, à faire de la lutte contre la corruption une cause nationale.
Pour lui, un dispositif de lutte anti-corruption maîtrisant efficacement les risques de la corruption ne saurait croître et prospérer que s’il s’insère dans un contexte où les valeurs éthiques sont privilégiées. «Malgré l’important dispositif juridique mis en place, la corruption au Burkina demeure une préoccupation», a-t-il souligné. Il note que l’une des raisons de cette faible performance dans la lutte reste malheureusement l’état généralisé de l’impunité des crimes économiques et financiers en dépit de l’énorme travail de détection desdits crimes auxquels se livrent les acteurs du contrôle, de la presse et des organisations de la société civile. Combien de crimes et de dossiers sont pendants devant nos tribunaux ?
Combien de rapports épinglant des acteurs de malversations diverses, de mauvaises pratiques administratives, de cas avérés de corruption restent sans sanctions judiciaires ? S’interroge Luc Marius Ibriga. Pour ce dernier, il est clair que l’impunité nourrit la corruption et il faut véritablement sévir pour empêcher le passage à l’acte. «La sanction en même temps qu’elle punit le coupable, exerce un effet de dissuasion sur tout potentiel candidat au même délit», explique M. Ibriga.
Par contre poursuit-il, quand la sanction encourue est insignifiante par rapport au crime commis, cela sonne comme un encouragement au crime commis. D’où l’importance selon lui de l’appropriation par tous, de la loi anti-corruption. «Tous les faits avérés de corruption doivent être jugés et punis conformément à la loi», a-t-il martelé.
Pour ce faire, indique le contrôleur général d’Etat, le combat de répression de la corruption et la contribution du secteur de la justice est fondamentale. Mieux, ajoute-t-il, l’opérationnalisation des pôles judiciaires spécialisés devrait donner un coup de fouet à la lutte contre l’impunité. «Il est important de dissuader les éventuels corrupteurs et corrompus de la société», insiste le contrôleur général. Il propose à cet effet de consolider les acquis et de travailler à ce que l‘acte de corruption ne soit plus perçu comme un fait banal.
Ce faisant, Luc Marius Ibriga fait savoir que le bon exemple doit être donné aux triples plans : exécutif, législatif et judiciaire. «Outre l’exemplarité des dirigeants et au regard des nombreuses plaintes et dénonciations enregistrées par l’ASCE-LC, il y a lieu qu’au niveau de l’administration publique, soient activés de façon efficace non seulement les conseils de discipline mais aussi les poursuites pénales afin de sanctionner les fautifs», a conclu M. Ibriga.
Omar SALIA
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