En ce 23 juillet 1999, quelques heures après le rappel à Dieu de Hassan II, toute la hiérarchie politique, militaire et administrative défilait devant le nouveau roi Mohamed VI (M6) pour lui faire la Beyia, l’allégeance par le baiser de la main. Voici venus les jours royaux d’un autre descendant alaouite.
20 ans ont passé, que retenir de ces noces royales de porcelaine ? Dès l’entame de son magistère, le jeune monarque de 40 ans tourna le dos aux ‘’années de plomb’’, en congédiant le 9 novembre 1999 celui qui en était l’incarnation, Driss Bassri, le redouté ministre de l’intérieur pendant 25 ans.
Dans la foulée, l’univers carcéral se dérida avec la libération de nombreux prisonniers, parmi lesquels par exemple, Malika et Raouf Oufkir, qui passèrent 20 ans de bagne pour l’implication présumée de leur père le général Mohamed Oufkir, dans une tentative de régicide contre Hassan II. Ou encore la liberté recouvrée pour Cheick Abdelsalam Yassine, guide spirituel du mouvement Al Adl Wal Ihsane. Et comment ne pas mentionner la manifestation islamiste autorisée du 22 mars 2000, impensable sous Hassan II ?
Endossant la djelaba du «roi des pauvres», M6 fit son premier voyage à l’intérieur du pays dans la ville d’Oujda le 19 octobre 1999 et dans d’autres contrées comme l’Atlas ou Temara, pauvres, délaissées et déshéritées ou frappées par des catatrophes naturelles. Des visites in situ qui ont renvoyé l’image d’un roi proche de ses compatriotes, que confirmeront le temps de la transparence avec les élections de 2002, où la gente féminine gagna en nombre avec 35 élues à la chambre des Représentants, une première. Mieux, son discours de trône du 11 octobre 2002, marquait résolument, l’ancrage d’un règne moderne, en phase avec son époque où ses compatriotes ne sont plus des sujets, mais des citoyens.
Soudain, l’horreur : en ce 16 mai 2003, des terroristes issus du bidonville de Sidi Moumen frappèrent Casablanca au cœur, au restaurant Positana et à la Casa de Espana avec 45 tués. Sans doute, que durant ces 20 ans de règne, l’innommable que constituent ces attentats, restera un traumatisme pour M6 et pour les Marocains.
20 ans de pouvoir, pour ce descendant du prophète (PSL) aura permis de faire rentrer le Maroc dans une monarchie ouverte, démocratique, et tourné vers l’avenir. En matière climatique par exemple, les énergies renouvelables surtout solaires sont une réalité au Maroc. Bien sûr, les sectateurs de M6, qui pointent le chômage des jeunes, le taux de croissance, les tares du système sanitaire,… ont raison, et l’entrée du royaume dans la modernité n’a pas gommé le déficit de justice, et les inégalités sociales.
A preuve, les itératifs mouvements du Rif, l’emprisonnement de Zefzafi du mouvement Hirak Nasser, représentant d’une jeunesse avide d’attentes innombrables. Le Maroc a donc besoin encore d’avancer économiquement, d’un partage équitable des fruits de la croissance.Toutes choses qui sont à corriger.
20 ans après, son accession au trône, le royaume chérifien a bien un roi démocrate, féru d’internet, qui use peu du Makhzen contre les populations, et tous ceux qui avaient misé sur un M6 qui ne «tiendrait pas » , qui serait l’ultime roi du Maroc ont tout faux. C’est bien un M6 de son temps qui dirige le Maroc, n’en déplaise à ses contempteurs.
Par Zowenmanogo ZOUNGRANA
COMMENTAIRES