Macron à Bamako la semaine prochaine : Que va chercher Jupiter dans cette galère ?

 Macron à Bamako la semaine prochaine : Que va chercher Jupiter dans cette galère ?

Bien que verrouillée à dessein, l’Elysée a dû laisser filtrer l’info par Jeune Afrique, l’hebdomadaire panafricain : Emmanuel Macron se rendra bien à Bamako le 20 décembre prochain pour rencontrer le chef de la junte Assimi Goïta, et subsidiairement jouer au père Noël, chez les soldats restant de Barkhane à Gao.

Plat de résistance : Nouveau format de l’OPEX français au Sahel, terrorisme, Takuba et Wagner avec comme dessert bien tapé, la durée de la Transition et le retour à un Etat de droit au Mali.

8 ans après le début de Serval, la mère de Barkhane et la visite de son illustre prédécesseur François Hollande, le 2 février 2013, lequel, au milieu des bains de foule, s’était écrié sur la place centrale de Tombouctou que «c’était la journée la plus importante de sa vie», 8 ans après tous ces évènements voici, l’actuel locataire de l’Elysée qui va à Bamako.

Une visite qui survient à un moment où les relations France-Mali sont quasiment polaires, après la sortie du truculent premier ministre malien, Choguel Maïga accusant la France «d’avoir lâché le Mali en plein vol» et la réplique de Macron qui a qualifié ces propos de «honteux», c’est en apparence un semblant de désescalade, ou plutôt d’une realpolitik, concoctée à doses médicales.

Le Mali n’est pas content et du travail de Barkhane, estimant que ce fut le service minimal, il n’est pas non plus content de ce redéploiement, et surtout de cette sorte de néocolonialisme ringard, qui se déploie dans le pays.

La France non plus n’est pas heureuse du double coup d’Etat au Mali, de l’irruption des prétoriens de Kati dans l’arène politique, et surtout de cette manipulation qui vogue sur le ressentiment anti-Français, accusée d’être d’intelligence avec les terroristes.

Et derechef, le cas Wagner occupera une place de choix dans l’aprté Macron-Goïta. Embrayant sur les sanctions de l’UE à l’encontre du groupe russe et de ses premiers dirigeants, le chef de l’Etat français devrait en profiter pour faire savoir, que l’agence de sécurité russe que dirige Dimitri Outkine n’est pas le  bienvenu au Sahel, et que sa présence ne pourra que désaxer l’architecture sécuritaire, déjà à la peine pour contrer des terroristes aguerris et connaissant le terrain. Que va faire donc Jupiter dans cette galère malienne ?

Essayer de câliner un chef de la junte toujours populaire sur l’indispensabilité d’un calendrier électoral, même s’il sait que le 27 février n’est plus tenable, en clair persuader Goïta que plutôt que de s’arc-bouter aux décisions d’Assises nationales polémiquées (tenues les 12 et 13 décembre), et de serments incantatoires comme d’en finir avec le terrorisme avant un scrutin, bref plutôt que de laisser les militaires jouer la montre, Jupiter devrait essayer de ramener les putschistes à la raison, malgré la défiance et le fait qu’un ressort s’est cassé entre la France et le Mali.

Côté malien, le quarteron de colonels qui est aux manettes du pays sait aussi que malgré cette vague de sympathie populaire qui l’auréole, il est une réalité qui risque de le rattraper : l’insécurité qui gagne du terrain, le terrorisme qui avance, malgré la vaillance des FAMa.

Et comme le peuple est par essence versatile, il ne comprendrait pas, ce petit peuple que IBK ait été renversé, pour entre autres griefs son incapacité à en finir avec le terrorisme, alors que ses tombeurs traînent les mêmes tares.

Jupiter et Goïta condamnés à s’entendre, ou à trouver un gentleman agreement ? Le Mali et la France, bien qu’il ait mille raisons d’un divorce, forcés de faire taire leurs divergences ? En tout cas, on peut dire que pesé au trébuchet politique, le Mali marque un petit point par rapport à la France, car après cette tempête politico-diplomatique, c’est bien Macron qui va chez Goïta ce dernier, jusque-là jugé infréquentable par Paris. Mais une courte échelle dont il ne faudrait pas en abuser, le Mali et le Sahel, ne sont pas dans une bonne posture sur de nombreux plans, à commencer par la sécurité. Or quoiqu’on dise la France demeure un allié précieux pour le Sahel.

La REDACTION

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 1
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    lecteur 2 ans

    lecteur de France et relativement peu concernés par la situation au Sahel, j’aprecie la finesse de vos analyses. D’ou je suis il me parait invraisemblable

    de penser les soldats Francais de connivence avec les terroristes, sur quels éléments ou absence d’elements se basent ce ressentiment ?

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