Macron au Bénin : Jupiter réussira-t-il à  assouplir Talon ?

Macron au Bénin : Jupiter réussira-t-il à  assouplir Talon ?

Derrière les flonflons, les sourires entre les 2 présidents, Emmanuel Macron et Patrice Talon, il y a ce qu’ils se sont dits lors des 60 mn d’aparté dans un salon du palais présidentiel de la Marina. D’abord, le terrorisme, dont le Nord du bénin est devenu la cible.

 Pas moins de 3 attaques ces derniers mois et une vingtaine depuis 2021, preuve que la porosité des frontières, la situation au Burkina voisin (40% du territoire occupées par des katibas), ces coups répétés font donc que le Bénin est bien atteint par la pieuvre djihadiste.

La France est bien disposée à appuyer le Bénin et la réarticulation de Barkhane au Niger tombe bien. La proximité avec Niamey permet une intervention rapide, et après l’officialisation du départ de Barkhane du Mali le 17 février dernier, lors du sommet UE-UA, le Bénin a clairement manifesté sa volonté d’accueillir des soldats de cette opération française. Et il y a quelques mois de cela, un Accord de défense Bénin-Niger a été signé.

Bonne nouvelle aussi apportée par Macron : du matériel militaire sera livré au Bénin, et en matière de coopération technique, la Délégation générale à l’armement sera une courroie de transmission avec les industriels.

Le dossier «œuvres d’art» est aussi un sujet important et la remise au compte-gouttes de ceux-ci au gré des lois votées à l’Assemblée pourrait être résolue par une remise globale, par le truchement d’une Loi-cadre. Le président français y réfléchirait. En tout cas, on a vu un Macron tout heureux visitant la galerie d’œuvres d’art. La coopération muséale promet!

Mais sans doute, le sujet qui fâche, et que ne saurait taire le chef de l’Etat français, c’est celui des prisonniers d’opinion ou politiques : il y a les cas célèbres comme ceux des inconnus qui croupissent en prison. Evidemment, dans le secret de cette conversation présidentielle, les cas Rekya Madougou et Joël Aïvo, se sont invités à ce tête-à-tête et même lors du point de presse commun dans les jardins du palais, sujet agaçant, s’il en est car quand on a entendu la réponse de Talon qui a répliqué à un journaliste «qu’il n’y a pas de prisonniers politiques au Bénin», on imagine que c’est un problème qui horripile Talon. Madougou selon l’entendement de ce dernier serait «une terroriste». On a l’impression que Talon ne veut pas entendre parler d’opposition au Bénin. C’est la prison ou l’exil pour eux. Mais au-delà, c’est peut-être aussi la gouvernance Talon qui sera auscultée.

Tout comme au Cameroun, Macron qui a relayé la question d’un journaliste sur un éventuel 8e mandat de Biya, c’est-à-dire  l’après-Biya qui est un sujet tabou, le recul de la démocratie au Bénin est aussi une question actuelle gênante. Mise au pas des opposants et journalistes, bras de fer avec l’appareil judiciaire, création de la CRIET, véritable bras armé judiciaire du pouvoir selon certains, le Bénin détonne les démocrates. Et tout comme au Cameroun, la question des libertés et droits de l’homme paraît un sujet sur lequel Macron ne peut pas se défausser à l’égard de son homologue béninois. Qu’en pense Talon ? Tout baignerait selon ce dernier. Et pourtant, on s’accorde à dire que le contexte politique s’est endurci.

Au-delà des salamecs et des usages diplomatiques, Jupiter parviendra-t-il à assouplir Talon qui pratique une verticalité du pouvoir avec la régularité d’un bénédictin ? Si oui, verra-t-on des embellies au niveau de la libération de prisonniers politiques ? Certains l’ont déjà été sur demande du prédécesseur de Talon, Boni Yayi.

La REDACTION

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