Même quand on se brouille, surtout au niveau étatique, il faut un jour y mettre fin. Emmanuel Macron et le roi du Maroc M6 ont décidé de dérider la lourde atmosphère qui existait entre eux.
La preuve par cette visite d’Etat de 72 heures, préludée le 30 juillet dernier par la reconnaissance du primat du Maroc, sur le Sahara occidental au détriment de l’Algérie qui la digère mal.
Beaucoup d’eau ont coulé dans la méditerranée, avant que ces relations polaires Maroc-France connaissent ce dégel : qu’il s’agisse bien sûr du Sahara occidental, de Pegasus du nom de ce Big Brother marocain ou plutôt de logiciel israélien qui a «écouté» entre autres, les grands de ce monde dont Macron ou de l’épineuse question des visas Schengen diminué de moitié, contre des laissez-passer Marocains pour la reconduction des OQTF…il y a eu mille et une raisons qui fâchent entre les 2 pays à telle enseigne que lors même du tremblement de terre de Marrakech de 2023, le Maroc a refusé l’aide française !
Tout cela est derrière le Maroc et la France. Et Macron, en se rendant chez M6, avec une quarantaine de personnes dont des Tycoons financiers et économiques (Alstom, Airbus, Total…) rappelle qu’il y a la politique et il y a les affaires. Les affaires sont donc au cœur de cette visite d’Etat, quoi de plus normal avec le royaume chérifien qui est la 1ère destination des investisseurs français et vis-versa. Et on parle déjà de gros contrats. Eh oui, entre Etats, ce sont les affaires qui viennent après l’embellie politique, sinon même avant. Car durant les 3 années de bisbilles, les affaires tournaient entre les 2 pays.
La RAM pourrait acquérir des avions Airbus et le pays des hélicoptères. Alstom avec des locomotives à hauteur de 1,5 milliard d’Euros. Et même que la CAN 2025 qui se tiendra au Maroc, et la perspective de la Coupe du Monde 2030, l’expertise française pourrait être sollicitée.
Il s’agit donc d’une visite qui agglomère 3 volets : la réconciliation, avec un royaume au milieu d’une région crisée et par une géopolitique tantôt défavorable à la France, tantôt néfaste dans la sous-région.
Et si Alger maugrée face à ce choix marocain de la France, c’est de bonne guerre, mais gouverner, c’est choisir aussi, et surtout choisir les intérêts de son pays. Encore qu’avec l’Algérie, il n’est pas dit que tout est arrêté. Tebboune se refuse à aller à Paris, mais c’est certain que tôt ou tard, les 2 pays fumeront le calumet de la paix. Le rapport de Benjamin Stora sur les relations France-Algérie a tracé les linéaments. Pour le moment, place aux affaires, avec le Maroc, l’embellie politique s’étant dégagée !
Vu du Sahel, ce séjour macronien au Maroc pourrait signer un retour de la France au Sahel par translation. La politique de M6 pour l’Afrique consiste justement à une africanisation des rapports. Abidjan et Dakar voient fréquemment des visites royales. Il n’y a pas de visa Ouaga-Rabat. Avec le Mali et le Niger, ça va ! Et surtout, il y a ce corridor méditerranéen offert par le souverain alaouite qui ouvre un débouché maritime au Sahel. Et si par le Maroc, la France «revenait» au Sahel, par ces temps de divorce avec cette région ? M6 parle à Assimi Goïta, à Tiani et à IB, en politique, ce qu’on ne peut pas obtenir directement, on le pourrait par détour. Et la mésentente France-Maroc, s’est estompée, pourquoi pas celle France-Sahel, pour peu que les intérêts politiques et économiques de chacun soient respectés ?
La REDACTION
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