C’est l’une des graves crises à laquelle est confronté le président malgache, Hery Rajaonarimampianina, depuis son élection le 20 décembre 2014 (51,54%). Depuis plusieurs jours en effet, des manifestations perlées, conduites par l’opposition, mettent la Grande île sens dessus-dessous. Samedi dernier, les députés de cette opposition ont battu le macadam contre le vote de lois électorales survenu le 4 avril courant. On dénombre ce week-end, trois victimes dont la veillée funèbre a dérapé, et les manifestants promettent de remettre leur mouvement. Les ingrédients de la colère sont politique et social :
– politiquement, il est reproché au chef de l’Etat à moins d’un an de la présidentielle, de faire voter des lois anti-démocratiques, pour paver son élection, même si officiellement, Rajaonarimampianina, n’a pas encore manifesté son désir de rempiler. Deux de ses devanciers Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina, marinés dans des rancœurs recuites et qui trépignent d’impatience de se mettre sur la ligne de départ ou à défaut de positionner leurs poulains seraient à la base de cette espèce de debut de chienlit.
– Socialement, il n’y a pas d’amélioration notable, depuis le mandat de l’actuel président. Si ce ne sont pas des catastrophes naturelles, des pandémies, c’est le pouvoir d’achat qui chute où le chômage devenu endémique avec 20% de chômeurs chez les jeunes diplomés dans une Grande île où la jeunesse représente plus de 50% de la population. Pour tout dire, c’est une TNT sociale qui se dégoupille petitement, à Madagascar, du reste abonné aux crises qui prennent souvent la forme de révolution de palais, de coup d’Etat, ou de tour de passe-passe constitutionnel. Depuis 1992, avènement de la IIIe République, avec l’élection de l’homme à l’éternel, stetson vissé sur la tête, Albert Zafy, destitué 2 ans plus tard et remplacé par ‘’l’amiral rouge’’, Didier Ratsiraka, jusqu’à l’élection- putsch du jeune ‘’Dj’’, Andry Rajoelina, en mars 2009 en passant par celle de Marc Ravalomanana le 22 décembre 2001, Madagascar a toujours été balloté en émeutes, grèves, manifestations sanglantes et démocratie trompe-l’œil avec des militaires, vrais détenteurs du pouvoir. Le sentiment qui se dégage est que les Malgaches n’ont plus confiance en leurs dirigeants qu’ils trouvent incompétents et surtout insensibles à leur quotidien. Paix fourrée donc sur Tana et la Grande île en général, ou à l’évidence, les démons des eaux recommencent à émerger de l’océan indien, et il faudra d’abord, que les premiers responsables adoptent une même posture pour trouver des solutions. Car, si le président Hery Rajaonarimampianina brandit le bâton, en invitant l’armée à prendre ses responsabilités, «évoquant un coup d’Etat» tout en invitant les journalistes à jouer leur rôle, on aura remarqué que le patron du sénat, Rivo Rakotovao lui tend la main aux opposants, ce qui fait désordre. En tous les cas, Hery Rajaonarimampianina, devra se le tenir pour fait avéré, que lorsque des prurits de cet acabit apparaissent à Tana, l’onde de choc secoue toujours le pouvoir central et peut même l’emporter d’une manière ou d’une autre. La présidentielle est prévue pour fin 2018, mais, ce sont 6 à 7 mois de tous les dangers, que le n°1 malgache devra gérer avec tact et clairvoyance.
Sam Chris
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