Mahamat Déby en France et reprise de la coopération  militaire avec le Mali : Quelles sont les garanties que Paris   a arrachées à Bamako et à Ndjamena ?

Mahamat Déby en France et reprise de la coopération  militaire avec le Mali : Quelles sont les garanties que Paris   a arrachées à Bamako et à Ndjamena ?

Les bouderies de l’Elysée  envers le Mali n’auront pas duré longtemps. Moins d’un mois après avoir fait une scène de ménage au Palais de Koulouba, déclarant la suspension de la coopération militaire avec les forces armées maliennes, Paris a rétabli les relations qui n’ont vraiment été rompues que sur papier. Les militaires français sont restés sur place.

La force Barkhane est certes finie. Mais la présence militaire française au Mali est bien …présente. Elle ne change que de nom et de format. Il faut avouer que c’est 2 situations semblables en apparence, dans ce précarré français, mais très différentes. Si le quarteron de colonels a bien renversé IBK le 18 août 2020, et fait tomber Bah N’Daw le 24 mai, au Tchad, il s’agit d’une dévolution filiale, d’un coup d’Etat aussi, mais suite au refus du dauphin constitutionnel, le président de l’Assemblée nationale, d’étrenner la charge.

Au fil des mois et ce depuis que Jupiter a assisté aux obsèques Déby-père, le 23 avril 2021 à N’Djaména, à mesure que le temps s’écoule, on sent la France adouber la Transition tchadienne, même si Macron ne cesse de dire qu’il ne cautionnera jamais que le pouvoir reste entre les mains du jeune Kaka. CQFD (Ce qu’il faut démontrer).

En attendant, Mahamat Idriss Déby, le fils qui porte le nom de son père, mais pas seulement, est reçu hier 4 juillet à Paris pour une «visite de travail et d’amitié». Il est question d’un dîner avec le président français Emmanuel Macron. Le menu principal : la sécurité au Sahel, évidemment ! Si ce n’est pas de petits soins, c’est quoi alors ?

Le terrain commande la manœuvre chez les militaires. Et la réalité commande les relations en politique. En termes stricto sensu et montant à cheval de façon autoritaire et rigoureuse sur les principes, la France n’aurait pas « dîné » avec un… putschiste, même s’il ne veut pas dire son nom ! Mahamat Déby n’a aucune légitimité élective ni légale pour présider le Tchad, son nom n’étant pas inscrit dans la chaine de succession de la Constitution. Egalement, Assimi Goïta n’a l’onction d’aucune urne, sinon celle d’un  double coup d’Etat perpétré à des intervalles séparés et de la manière la plus cavalière qui soit avec tout dispositif démocratique et constitutionnel. Imagine-t-on Goïta reçu à l’Elysée un jour ? Peut-être car cette reprise des relations militaires, sur menace terroriste et peur de négociations avec les djihadistes peuvent imposer un tel aparté.

Dans les faits et aux yeux du monde, la France des valeurs républicaines fait affaire avec des «hommes forts» et non plus avec des institutions, au sens démocratique du terme ! Mais lorsque la case brûle, la nature, la couleur et l’odeur de l’eau qui se trouveent le plus proche possible ne comptent vraiment plus dans la balance, tant que sa composition moléculaire est assez H20 pour permettre d’éteindre l’incendie. C’est bien donc la position d’Emmanuel Macron, obligé de faire avec la réalité de la menace sécuritaire, afin d’éviter le risque d’un embrasement total du Sahel et d’une prégnance plus forte des terroristes dans cette zone.

On peut alors soliloquer sur la possibilité que le patron de l’Elysée n’ait pas renoué les cordes sans demander un minimum de garanties à ses vis-à-vis. Que Mahamat Déby respecte la durée prévue pour son magister et céder le pouvoir le plus tôt possible, ou en tout cas, se presser pour faire passer son treillis sous le fer à repasser des urnes pour le rendre plus présentable à ses pairs de l’Europe. Ou que Assimi Goïta ne fasse pas trop copain-copain avec certains terroristes au point de transformer le Mali en un Etat islamisé, rangeant au placard le principe de la laïcité .

Bonnes garanties ! Mais la France a-t-elle encore une réelle grande marge de manœuvre pour les faire respecter ? Encore une fois, la Realpolitik dicte sa loi, tant pis pour les âmes sensibles.

Ahmed BAMBARA

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