Nouvelle visite du président de la Transition tchadienne en France. Depuis le mardi 17 octobre dernier, Mahamat Idriss Deby effectue une visite de travail en France. Cette visite qui intervient dans un double contexte marqué par le désengagement des troupes françaises du Niger vers N’Djamena et les démissions de deux ministres empêtrés dans un scandale sexuel, revêt une importance particulière. Sans aucun doute, elle sera d’abord l’occasion d’aborder les différents axes des relations bilatérales, mais surtout une opportunité pour les deux capitales de repenser leur partenariat face aux fortes mutations que connait la région Sahélo-saharienne où l’ancienne puissance coloniale est mise en difficulté et désavouée.
C’est connu, depuis la colonisation, les relations entre le France et le Tchad sont marquées par plusieurs actes d’ingérence manifestes de Paris dans la politique intérieure tchadienne. Cette pratique qui peine à s’estomper en ce 21e siècle, a été remise au goût du jour, au lendemain du décès du général Idriss Deby Itno, (20 avril 2021) remplacé au pied levé par son fils adoubé par Paris. Emmanuel Macron, très soucieux de garder ce pays comme un bastion fort néocolonial avait du reste rallié la capitale tchadienne pour légitimer cette prise du pouvoir en marchant allègrement sur les dispositions légales. Le moins que l’on puisse dire, et à la lumière des derniers évènements survenus au Sahel, ce lien colonial jadis très ancré sous l’égide de Deby-père, semble difficile à maintenir et il devient de plus en plus pesant. Ce lien privilégié est également marqué par des tensions, notamment la perception d’une ingérence française dans les affaires tchadiennes et un soutien parfois critiqué au régime de N’Djamena.
Aujourd’hui, la France, dans un processus de redéfinition de sa stratégie sahélienne, semble chercher une sortie honorable tout en assurant ses intérêts sécuritaires. Le Tchad se retrouve alors dans une position singulière : dernier bastion de la présence militaire française au Sahel. Cela confère à N’Djamena une influence incontestable, notamment vis-à-vis de Paris. Il revient donc à Macron et à Deby-fils de saisir l’opportunité pour rebattre les cartes de cette coopération incestueuse pour enfin poser les fondations d’un partenariat renouvelé. Et l’urgence le commande.
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