Mahmoud Dicko lance la CMAS au Mali : L’Imam veut-il escalader la colline de Koulouba ?

Mahmoud Dicko lance la CMAS au Mali : L’Imam veut-il escalader la colline de Koulouba ?

Ceux qui pensaient que l’ex-patron du Haut conseil islamique du Mali (HCIM) allait prendre sa retraite après son remplacement à la tête de cette organisation par Cherif Ousmane Madani Haïdara ont tout faux. D’un mouvement associatif à un autre, ou subtils marchepieds vers le palais du pouvoir ? Bien malin qui pourra y répondre de façon tranchée. Sauf à être dans la tête de l’Imam Dicko.

Connu pour son franc-parler et ses prises de position, l’homme n’aura pas tardé à dévoiler ses intentions. Très critique du pouvoir du président Ibrahim Boubakar Keïta, le samedi 7 septembre, le très influent Imam malien Mahmoud Dicko a, en effet, lancé son mouvement en dénonçant la gouvernance catastrophique du pays, lors d’un rassemblement largement considéré comme ayant des visées politiques de ce tenant d’un islam rigoriste et bête noire du pouvoir.

Les débuts de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants (CMAS) de l’imam Mahmoud Dicko, provoquent  des spéculations sur les velléités présidentielles de ce dernier. Un défi lancé au président Ibrahim Boubacar Keïta, au pouvoir dans ce pays confronté depuis des années à une profonde crise sécuritaire ? L’interressé fait dans l’esquive.

« Mon problème, c’est ceux qui ont trahi le peuple malien. C’est à eux que je m’adresse. Mon combat, c’est d’abord (contre) eux », a déclaré l’imam Dicko à la tribune du palais de la culture de Bamako où il a fustigé une « corruption à ciel ouvert et endémique» et une «gouvernance catastrophique ». « Je vais parler aujourd’hui », sans porter de gants, le parrain de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants a annoncé ainsi les couleurs. « J’ai suivi quelqu’un qui m’a déçu, et aujourd’hui, je ne peux plus suivre cette personne », lance l’Imam Dicko à ses partisans dans la salle en effervescence. L’imam Dicko fait allusion au président IBK qu’il avait soutenu en 2013 « Je ne suis ni faiseur de rois ni président, je veux faire la paix », a-t-il poursuivi sous les ovations de plus de 3.000 partisans dans un palais de la culture où une forte présence policière était visible.     

Président jusqu’en avril dernier du Haut conseil islamique (HCIM) , principale organisation islamique d’un pays à 90% musulman, l’imam Dicko a entretenu pendant des années des relations en dents de scie avec le président. Né à Tombouctou et formé notamment en Arabie saoudite, il a été engagé dans des efforts de médiation pour résoudre la crise née quand le Nord du pays était tombé aux mains des djihadistes en 2012. Mais, avec le chérif de la localité de Nioro, Bouyé Haïdara, il est entré en fronde contre le Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga dont il a exigé et obtenu la tête le 18 avril 2019.

Si le mouvement qu’il a lancé samedi n’est pas officiellement un parti politique, son coordonnateur général Issa Kaou Djime, son porte-parole, a souligné à la tribune que la CMAS avait pour «idéaux» les «visions religieuses, sociétales et politiques» de l’imam Dicko.

On ne le dit pas souvent assez, mais si officiellement la religion et la politique sont deux sphères différentes, les animateurs politiques font souvent une cour assidue aux religieux, pour massifier leur parti. Au Sénégal, par exemple, la confrérie Mouride, jusqu’à une époque récente avait son mot à dire dans les élections. Le Mali fortement islamisé échappe –t-il à ce phénomène ?

On ne sait trop, mais face à un semblant de faillite des politiciens professionnels, l’heure n’est –il pas à d’autres couches ? Le 10 février 2019 déjà c’est dans un stade du 26-mars plein comme un œuf de 60 000 personnes, que le HCIM sous la houlette du même Mahmoud Dicko avait fait une démonstration de force et une interpellation du pouvoir en place sur disons-le  l’incapacité du gouvernement à résoudre les problèmes quotidiens qui taraudent les Maliens. Un Imam Dicko qui avait poussé même l’outrecuidance jusqu’à  refuser 50 millions de Francs CFA offerts par le pouvoir. Le patron de la CMAS veut-il escalader la colline de Koulouba, après IBK ? Va-t-il supporter une autre personne ? De plus en plus ses sorties ne sont pas anodines, quand on sait que la présidentielle de 2023 sera ouverte.

Davy Richard SEKONE

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