Maladie de parkinson : «2e cause de dégénérescence du système nerveux central» (Pr Christian Napon)

Maladie de parkinson : «2e cause de dégénérescence du système nerveux central» (Pr Christian Napon)

 C’est sur le thème : «Ensemble mettons fin à la maladie de parkinson» que la Société de neurologie du Burkina (SONEB) tiendra son brain day (journée du cerveau), le mercredi 22 juillet 2020 à Ouagadougou, concomitamment célébrée au plan international par toutes les sociétés fédérées au sein de la Fédération mondiale de neurologie. A moins d’une semaine de l’évènement, nous nous sommes entretenus avec le Pr Christian Napon, neurologue, enseignant-chercheur à l’Université Joseph Ki-Zerbo, chef de service neurologie au CHU de Bogodogo et  président de la SONEB. Avec lui, il a été question entre autres du thème, des grands enjeux de cette rencontre qui réunira tous les spécialistes du domaine au Burkina.

C’est quoi la neurologie et quelles sont les maladies dont s’occupe un neurologue ?

La neurologie est une spécialité médicale que l’on fait après les études générales de médecine qui dure 4 ans. A la sortie, le neurologue est en mesure de prendre en charge les patients souffrant de maladies du système nerveux (le cerveau, le tronc cérébral, la moelle épinière, le cervelet et  les nerfs périphériques).

Comment se porte cette spécialité dans notre pays ?

La neurologie a connu des moments difficiles au Burkina. Pendant longtemps (de 1986 à 1990), il n’y avait qu’un seul neurologue: le Pr Jean Kaboré. Quelques années après lui, il y a eu l’arrivée du Pr Millogo, avant notre vague en 2005 composée de deux neurologues. Les vocations pour faire la neurologie n’étaient pas nombreuses mais de nos jours, nous avons pu installer la spécialisation de neurologie à Ouagadougou. Depuis lors, nous sommes un peu plus nombreux. La première promotion au nombre de 6 neurologues est sortie il y a de cela deux ans. Cette année il y en a eu 7.

Vous êtes le président de la SONEB. Parlez-nous de cette structure, de ses missions et des acquis engrangés depuis sa création ?

La Société de neurologie du Burkina (SONEB) est une société savante de médecine qui s’occupe de l’étude, de la prévention, et du traitement des maladies neurologiques. Elle a été créée en octobre 2010 et mène des activités pour la promotion de ses membres. Nous organisons des enseignements postuniversitaires, des rencontres avec les médias pour parler des maladies neurologiques dont certaines d’entre elles sont assez stigmatisantes comme l’épilepsie. Nous participons aussi à des congrès (nationaux et internationaux) pour mettre nos membres à jour sur les avancées en matière de neurologie. La SONEB fait partie de l’Académie africaine de neurologie et est affiliée à la Fédération mondiale de neurologie.

Le 22 juillet prochain, la SONEB tient son brain day ou journée du cerveau, concomitamment célébrée au plan international par toutes les sociétés fédérées au sein de la Fédération mondiale de neurologie sur le thème : «Ensemble mettons fin à la maladie de parkinson». Pourquoi  ce choix ?

Ce thème nous a été donné par la Fédération mondiale de neurologie qui fédère toutes les sociétés savantes de neurologie. Cette année, le choix a été porté sur la maladie de parkinson, qui est la première cause de maladie neurologique entrainant des mouvements involontaires. Même si elle est sous diagnostiquée en Afrique, nous rencontrons de plus en plus des malades qui viennent nous voir. Mais en Occident et ailleurs, c’est une maladie fréquente. Elle constitue la deuxième cause de maladie dégénérative du système nerveux central après la Maladie d’Alzheimer.

Quid des enjeux de cette journée ?

C’est d’abord pouvoir réunir tous les spécialistes de neurologie car avec la pandémie du coronavirus beaucoup de nos activités n’ont pas eu lieu. Cette rencontre est donc l’occasion de parler d’une pathologie sous diagnostiquée, se mettre à jour sur les traitements à proposer aux patients et les manifestations cliniques de cette maladie. A travers les médias, nous voudrions aussi inciter les populations à venir nous voir si elles présentent un certain nombre de signes (tremblements, difficultés à marcher, lenteur dans les gestes).

La maladie de parkinson constitue-t-elle une urgence de santé publique au Burkina ? Quelle est son ampleur ?

La maladie de parkinson fait partie des maladies non transmissibles du système nerveux. Elle s’installe progressivement mais au bout d’un certain temps, elle va confiner le malade au lit, et ce dernier ne sera plus capable de bouger ses différents membres, ni s’alimenter lui-même ou de prendre des décisions. On parle alors de la phase tardive  ou d’épuisement thérapeutique de la maladie. Il faut toujours prendre les choses à temps et ne pas attendre que le malade arrive à ce stade où il est incapable de faire quoi que ce soit avant d’agir.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans la prise en charge de vos patients ?

Le gros problème que nous avons c’est l’indisponibilité des médicaments. J’ai une de mes  patients qui est obligée de commander ses médicaments en France ou s’arranger avec une pharmacie de la place pour que ses médicaments lui soient acheminés. Comme c’est une maladie relativement moins fréquente que le paludisme, les pharmaciens n’en font pas trop la commande. Mais avec les gens qui viennent de plus en plus en consultation, il est bon que nous attirions leur attention afin qu’ils puissent disponibiliser les médicaments. La deuxième difficulté est relative à la prise en charge. Quand la maladie arrive à un certain stade le patient a besoin d’une rééducation fonctionnelle. Pour cela, il faut des rééducateurs performants pour faire ce travail. La troisième difficulté, c’est l’accompagnement de la famille. Le patient a besoin d’être accompagné par son entourage. Si cela n’est pas effectif ça peut engendrer d’autres problèmes comme la dépression pouvant grever assez vite le pronostic fonctionnel voire même vital de la  maladie.

En termes de perspectives, qu’est-ce qui est envisagé par la SONEB pour changer  la  donne et diversifier l’offre de  soins en neurologie ?

La SONEB entend travailler pour une meilleure cohésion entre ses membres afin davantage cultiver un esprit de confraternité et avoir une même vision. Ensuite, avoir une bonne collaboration avec les autres sociétés savantes. Nous allons mettre l’accent également sur les actualités thérapeutiques c’est-à-dire mettre tous les membres au même niveau d’information en ce qui concerne les avancées dans les neurosciences. Apprendre à davantage respecter les bonnes pratiques médicales en matière de délivrance de soins en prenant en compte les recommandations émises par les experts au plan international en trouvant les moyens de les adapter à notre contexte.

Boureima SAWADOGO

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