Mali, après le début de la Transition : Opération «Goïta-Fla» pour la CEDEAO

Mali, après le début de la Transition : Opération «Goïta-Fla» pour la CEDEAO

25 septembre, prestation de serment du président de la Transition, le soldat retraité Bah N’Daw et du vice-président le colonel Assimi Goïta, 27 septembre nomination de Moctar Ouane premier ministre civil. Deux évènements exigibles par la CEDEAO pour «banaliser» les sanctions économiques et commerciales contre le Mali, sanctions consécutives à l’irruption des prétoriens de Kati dans l’arène politique du Mali.

Mais si l’organisation sous-régionale a un peu choisi de fermer les yeux sur le colonel en réserve de la république Bah N’Daw qui présidera aux destinées du Mali, encore qu’elle est conscience que «Le Grand» sobriquet du président intérimaire, demeure un militaire, si donc cette image de l’homme de 1,95 m a été plus ou moins acceptée, celle du patron de la junte levant aussi la main pour prêter serment aux côtés du président comme vice-président, au mieux gêne aux entournures, au pire inquiète, et ne rassure pas la CEDEAO, et pas elle seulement, laquelle CEDEAO pense à un éventuel empêchement ou vacance présidentielle, qui ouvrira le chemin à l’homme fort de la junte. Un retour pur et simple à la case CNSP. Les putschistes ont effectivement contourné la problématique de la transition civile, en faisant une sorte de melting-pot, à forte coloration militaire. La CEDEAO est habitée par le doute, quant à la «civilité» de cette transition, avec toujours le chef des putschistes au pouvoir, pour ne pas dire au  cœur du pouvoir.

Même en dissolvant le CNSP autre exigence matricielle d’Abuja, il restera le colonel Assimi Goïta, qui tiendra un des gouvernails du bateau malien. Les chefs d’Etat qui se hâtent lentement à mettre un terme aux sanctions ont-ils raison d’avoir ces appréhensions ? Oui, car cette intrusion de la grande muette dans les affaires de l’Etat, si elle a semblé parachever les vœux du M5-RFP, laisse perplexe au regard de la configuration de cette transition, et de la place qu’occupera cette junte, rien qu’avec le seul vice-président dans l’armature institutionnelle.

La CEDEAO se retrouve à effectuer une opération «Goïta-Fla» (Goïta 2) en langue locale Bamanan, car avant la chute d’IBK, il y a eu une première opération effectuée par Goodluck Jonathan, et même par 5 chefs d’Etat de la CEDEAO dépêchés à Bamako qui auraient «travaillé» les militaires au corps afin qu’ils restent républicains, et ne renversent pas le locataire de Koulouba. A l’époque, Goodluck puis Mahamadou Issoufou et ses pairs, ont rencontré tous les protagonistes et surtout les militaires pour essayer de sauver un régime qui nageait manifestement dans une atmosphère de fin de règne.

Cela n’avait pas arrêté les «jeunes gens» de Kati, et voici qu’après plus d’un mois de pouvoir kaki, l’impression bien réelle est là que la junte est partie, sans partir.

La CEDEAO veut donc régler le cas de Goïta, une seconde et (ultime fois ?) avant de rouvrir les vannes. Via une publication claire de la charte et son éventuel amendement par l’expurgion des clauses à problème. Il est à parier que même l’avènement du gouvernement de Ouane I, attendu pour ce jour 30 septembre même cette équipe ne suffira pas à lever ce que la CEDEAO considère comme une hypothèque à une transition fluide et sereine !

Que vont décider les chefs d’Etat de la CEDEAO, qui devront se réunir pour décider du sort du Mali, après la nomination du premier ministre civil et du gouvernement ? Bah N’Daw va-t-il et peut-il dissoudre le CNSP, dont le moindre des revendications de ses membres, est que certains soient bombardés généraux, avant de rejoindre les casernes ou même occuper des strapontins ? Au demeurant, Bah N’Daw a mis en sourdine ce désir de galons des putschistes sous réserve que tout l’édifice de la Transition soit en place avant ces nominations. On l’aura constaté, si certains sont prompts à condamner la CEDEAO, dont les sanctions meurtrissent les populations, elle a raison dans un certain sens car le CNSP semble très futé et fignole sur son départ, pour mieux rester ?

Mais en même temps, il faut trancher ce nœud gordien, dont le poids commence à peser très lourd, et tant qu’à y aller opération Goïta-Fla ou pas, le Mali doit se remettre rapidement de cette parenthèse, et 18 mois c’est peu, au regard de la kyrielle de priorités auxquelles ce pays doit faire face. Il faut donc agir et la CEDEAO n’a pas le droit de maintenir plus que de raison le pied sur la pédale, et les Maliens doivent savoir aussi choisir les hommes d’Etat, et non ceux d’estrade…

Sam CHRIS

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