Mali : Campagne électorale  et peur aux tripes

Mali : Campagne électorale  et peur aux tripes

Visites de personnalités religieuses, grands électeurs s’il en est, projections de matchs de la Coupe du monde de foot sur écran géant gratuitement pour les fans du ballon rond, distribution de motos aux jeunes pour parcourir les distances, c’est ce que proposent certains candidats pour appâter des militants. La campagne électorale malienne n’a pas débuté sur des chapeaux de roue, mais ne sauraient tarder avec les joutes prévues dans les stades et autres lieux publics. Déjà les 2 sauriens du Djoliba, IBK, le président-candidat et Soumaïla Cissé  son principal challenger ont donné le tempo, hier. Les 24 candidats ont 21 jours pour «vendre» soit du vent soit un peu de réalité, bref, leur programme aux 8 millions d’électeurs. Une campagne électorale à haut risque, car le Mali a mal au Nord et au Centre à cause de la guerre asymétrique qu’elle mène depuis 2012

Aux problèmes organisationnels, telle la distribution des cartes d’électeurs, car à la date du 8 juillet autrement dit à l’ouverture de la campagne électorale, seulement 15% desdites cartes étaient distribuées, retard dû au débrayage des préfets et sous-préfets du Centre et du Nord, régions difficilement accessibles, à ces problèmes donc s’ajoute le casse-tête sécuritaire. La sécurité ou disons l’insécurité qui est bien prégnante sera au cœur de cette campagne, pour ne pas dire qu’elle sera le thème de prédilection de certains candidats qui feront de IBK un pushing ball de facto, du fait que ce chantier de son quinquennat fut tout sauf une réussite. 11 000 securocrates maliens seront commis à la pacification du scrutin et l’affectation d’armoires à glaces officielles aux 24 grimpeurs de la colline de Koulouba est prévue. Mais que valent ces forces de l’ordre face à l’immensité du territoire grand de 1,2 million de km2 ? Peut-on sécuriser chaque dune de sable de Gao ou coins et recoins de Mopti par exemple ? Même en comptant sur la MINUSMA comme l’affirment certains candidats, pour aller sans crainte à la pêche aux voix à Kidal, Koro ou Bandiagara, tout déplacement reste volatile et soumis aux aléas d’attaques de tout acabit. La même menace est  réelle concernant d’autres candidats partisans de campagne surprise, c’est-à-dire se rendre sur le terrain sans prévenir avec le double risque de trouver des ouailles clairsemés, et encore qu’une telle campagne impromptue n’est pas à l’abri des velléités terroristes qui sont à coup sûr à l’affût, le timing restant pain bien béni pour eux.

Et que dire de la vingtaine d’observateurs le jour du scrutin bien qu’ils ne couvriront pas tout le territoire puisqu’ils seront à Kayes et Sikasso, et surtout de tous les 80 observateurs ? Comment assurer efficacement la sécurité de ces derniers qui sont des cibles privilégiés des djihadistes ? C’est un constat, ces 21 jours où candidats et militants qui, autant ils veulent de ce scrutin, autant chacun se déplace, tout en ayant conscience qu’il peut soit se retrouver à l’hôpital soit tout simplement être tué. Et en dépit des assurances de Mohamed Ag Erief ministre de l’administration territoriale et même du premier ministre, l’homme-orchestre de ce scrutin, Boubèye Maïga, c’est une campagne la peur aux tripes qui se déroulera dans l’ex-Soudan français. Mais, y aura-t-il plus de peur que de mal ? Les jours à venir nous édifieront.

Sam Chris

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