L’attaque qui a tué au moins 95 personnes et ravagé un village dogon dans le centre du Mali, dans la nuit de dimanche à lundi 10 juin, menace l’existence même du pays, a affirmé le président malien Ibrahim Boubacar Keïta. «Ce n’est pas à un cycle de vengeance, de vendetta, que ce pays doit être conduit», a déclaré à la télévision publique ORTM le chef de l’État, en Suisse pour le centenaire de l’Organisation internationale du travail (OIT), annonçant qu’il écourtait son séjour.
IBK a au contraire appelé à des «retrouvailles» entre Maliens, «qui seules vont nous permettre de rebondir et permettre à notre nation de survivre. Car nous sommes en question de survie», a-t-il estimé, quelques heures après le massacre perpétré contre ce village de la zone de Bandiagara, à l’Est de Mopti.
«Des hommes armés, soupçonnés d’être des terroristes, ont lancé un assaut meurtrier contre le paisible village de Sobane Da», avait auparavant annoncé le gouvernement. «Le bilan provisoire établi par une mission du poste de sécurité de Diankabou», dans les environs, «fait état de 95 morts et de 19 portés disparus», avait précisé le gouvernement, dénonçant un «carnage».
Un élu local a évoqué des «corps calcinés». Selon un rescapé, Amadou Togo, les assaillants, «une cinquantaine d’hommes lourdement armés, venus à bord de motos et de pick-up», ont «d’abord encerclé le hameau avant de lancer l’assaut». «Certains ont été égorgés et éventrés, des greniers et du bétail ont été brûlés. Personne n’a été épargné : femmes, enfants et vieilles personnes», a-t-il raconté, évoquant, outre le bilan de 95 morts, 38 blessés. Le chef de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma), Mahamat Saleh Annadif, a condamné cet «acte d’une barbarie inqualifiable». Ce drame rappelle «que dans cette spirale de la violence, il n’y a pas les méchants d’un côté et les gentils de l’autre. Tout le monde est responsable. Le seuil de l’intolérable est atteint et le temps d’un sursaut national s’impose», a-t-il ajouté.
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