Manif. en Côte d’Ivoire : Les cadavres d’une crise préélectorale se multiplient

Manif. en Côte d’Ivoire : Les cadavres d’une crise préélectorale se multiplient

Les opposants semblent décidés. Leurs militants aussi. Abidjan est coiffée par des colonnes de fumées. Des tables cassées et des pneus usés commencent à ternir la vue de ses belles avenues. Et que dire de Daoukro, Ferkessédougou, et dans de nombreuses localités où l’accès de fièvre politico-sociale s’est aggravée avec blessés et même des morts dont le gouvernement se refuse pour le moment à dire le nombre ? De tristes et douloureux souvenirs remontent sans doute à l’esprit de ceux qui ont déjà vécu la «fournaise ivoirienne». Ça y est !

Les vieux démons éburnéens se sont réveillés, un réveil brutal et violent. Et pendant ce temps, en haut, dans les sphères du leadership, les cœurs ne désarment pas et les langues deviennent de plus en plus venimeuses.

La Côte d’Ivoire a déjà connu cette atmosphère de départ de feu. Le Burkina y a goûté. Ainsi que d’autres pays de la sous-région africaine, ainsi que de de l’Afrique de façon générale. Et ces environnements enflammés ne sont soufflés, gorgés d’oxygène de mauvais aloi que par les mêmes ingrédients aux compositions chimiques explosives : la course au pouvoir. Certains, après un marathon de longue haleine, y arrive, la langue pendante. Après avoir repris leur souffle, goûté aux délices du sommet, ils ne veulent plus redescendre, grisés par les effluves de ces lieux apparemment paradisiaques.

Et pour ne pas céder à ces appels de leur cœur, ils sont prêts à tout. Asseoir à table les textes sacrés pour leur tailler une coiffure aux allures de leurs désirs, de leurs envies, de leurs visées et de leur ego qui leur chante de façon orgueilleuse qu’ils sont l’indispensable moteur de leur pays. Même si parfois, c’est la peur de l’après-pouvoir qui poussent certains à s’accrocher, un peu comme ceux qui ont peur de sauter dans le vide inconnu et s’agrippent à tout ce qui tombe sous leur main, avec la dernière énergie que leur corps peut abriter ou générer.

Le président ivoirien Alassane Ouattara, tout comme son homologue Alpha Condé, et bien d’autres avant eux, sont sans doute dans la même logique. Les heures que vivent actuellement la Côte d’Ivoire et celles qui s’en suivront seront une succession d’opposition entre pro et pour de l’un ou l’autre camp, avec à la clé, des destructions matérielles (moindre mal)  et surtout humaines. Est-ce vraiment la tranquillité et la paix tant promises qui seront ainsi mises en exergue ? Combien de temps prendra ce bras de fer qui s’annonce difficile pour le pays ? Entre le tableau  évident qui s’offre aux doigts du plus sombre des peintres du futur et le risque de «destabilisation» au cas où Alassane Ouattara n’est plus candidat, qu’est-ce qui semble le plus évident ?

En tous les cas, l’évidence semble connue pour ADO, qui prépare son investiture à la candidature pour le 22 août 2020. Comme s’il a décidé de basculer dans une dimension parallèle. Et advienne que pourra !

Il faut d’ailleurs redouter l’escalade, quand on écoute Adama Bictogo, le directeur exécutif du RHDP qui affirme sans sourciller que leurs militants se retiennent, mais «si jamais les manifestants s’attaquent à leurs structures, le RHDP ne restera pas dans cette posture d’attentisme». La menace n’est pas voilée, et la probabilité que partisans du pouvoir et ceux de l’opposition se «rentrent dedans» en masse est quasi une certitude. A moins que Ouattara ne fasse un 3e renoncement.

Ahmed BAMBARA

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