Manifestation en Guinée : Fin de la période de grâce entre la junte et le FNDC ?

Manifestation en Guinée : Fin de la période de grâce entre la junte et le FNDC ?

Le ciel n’est pas tombé sur Conakry ce jeudi 28 juillet 2022. Mais comme à l’accoutumée, on a assisté à des heurts dans plusieurs quartiers chauds de la capitale guinéenne. Hamdallaye, Bambéto, Cosa, Wanindara, Sonfonia, ont connu leur ambiance habituelle.

Jets de pierres, barricades, tirs de gaz lacrymogènes, courses poursuites entre forces de l’ordre et jeunes manifestants, ont marqué cette journée de protestation organisée à  l’appel du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) pour exiger plus de transparence dans la gestion de la Transition. Plusieurs bléssés ont été denombrés

Après le rendez-vous manqué du 23 juin dernier, le mouvement créé en novembre 2019 pour contrer le projet de troisième mandat du locataire du palais Sékoutouréya, Alpha Condé, a donc décidé de reprendre la rue. Face à une junte qui avance masquée, il n’y avait pas d’autre alternative selon Foniké Mengué et ses camarades brièvement interpellés avant d’être libérés par une justice sous pression, il y a quelques semaines. De façon globale, en dehors de quelques poches de résistance,  cette journée de protestation a été étouffée dans l’œuf, car la veille, durant toute la nuit, les forces de l’ordre ont usé d’ingéniosité pour mettre en place un dispositif sécuritaire impressionnant afin de contrer cette manifestation interdite.

Terminée la période de grâce. Cette manifestation pourrait marquer la fin du round d’observation entre le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) et le FNDC dont les militants vivaient mal cette «passivité» du mouvement face à des militaires qui piétinent tout sur leur passage et qui n’en font qu’à leur tête dans la conduite de cette Transition. Entre chasse aux anciens dignitaires, musèlement des leaders d’opposition, arrestations de leaders de la société civile, le CNRD semble n’avoir pas appris des erreurs des précédentes juntes. Adulé aux premières heures du putsch qui a déposé Alpha Condé, le chef du CNRD semble avoir endossé la tunique du «balayeur» qui après coup veut s’installer durablement dans un plais cossu. Les agissements du colonel-président qui s’écarte de plus en plus de sa promesse de faire régner la justice «boussole» de son action, remettent au goût du jour, les heures sombres de la politique dans ce pays à l’histoire politique rythmée par des coups de force.  Pour les Guinéens qui se battent pour l’avènement d’une démocratie véritable, le bout du tunnel reste loin et il faudrait redoubler d’ardeur pour dissuader les prédateurs des droits humains qui pullulent dans leur pays.

Alors que les dernières braises étaient en passe de s’éteindre à Conakry paralysée, c’est du côté de Bissau que les nouvelles sur la durée de cette période transitoire ont été données. A en croire plusieurs sources médiatiques, en marge de la visite du président français, le président en exercice de la CEDEAO, Umaro Sissoco Embalo a confié avoir convaincu la junte d’accepter le délai de 24 mois proposé par l’organisation sous régionale. En attendant, la confirmation de cette nouvelle par les autorités guinéennes, tout porte à croire que le président Embalo a trouvé la formule pour «ramener» Doumbouya et ses camarades précédemment attachés aux 36 mois de Transition à de meilleures dispositions. Mais doit-on se réjouir très tôt de ce compromis qui intervient à un mois du premier anniversaire du putsch  du 5 septembre 2021 ?

 Davy Richard SEKONE

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