Manifs anti-3e mandat en Côte d’Ivoire et en Guinée : Comment gérer des crises pré et post-électorales inéluctables ?

Manifs anti-3e mandat en Côte d’Ivoire et en Guinée : Comment gérer des crises pré et post-électorales inéluctables ?

Pas question de boycotter la présidentielle du 31 octobre mais l’opposition ivoirienne se réserve le droit de faire tout son possible pour entraver ce scrutin par une désobéissance civile si la CEI, le code électoral ne sont pas chamboulés, si les grands juges du conseil constitutionnels ne sont pas congédiés… et si les proscrits politiques ne sont pas  de retour au bercail et  si SORO, Gbagbo et tous les autres recalés ne sont pas réinscrits sur le tableau de la compétition !

Hier à Abidjan, il y avait rassemblés les ouailles de EDS, affiliés à Gbagbo, GPS de Soro et toute la galaxie de Bédié, Toikeuse bref tous ceux qui sont vent debout contre ce 3e mandat de Ouattara jugé illégal et inconstitutionnel, il y avait du monde qui fulminait et vitupérait contre ce dur désir de 3e bail du président-sortant.

Marches itératives et continuelles également en Guinée à partir du 29 septembre contre la volonté d’Alpha Condé de se maintenir au pouvoir a annoncé le Front national de défense de la constitution (FNDC) en ce début de campagne électorale du scrutin du 18 octobre.

Le décor est planté à Abidjan comme à Conakry par deux oppositions qui veulent coûte que coûte barrer la route à Ouattara et Condé lesquels n’entendent  pas reculer.

On voit déjà sans être un analyste politique ou ancien de Sciences Po que la guerre un peu feutrée ente ces pouvoirs et leur opposition vire imperceptiblement mais inexorablement vers une guérilla ouverte.

Question à un fauteuil présidentiel de Cocody  et de Sekoutouréya : Comment va se décliner cette désobéissance civile  et ces manifestations pacifiques de part et d’autres dans ces 2 pays ? De  quels moyens disposent ces oppositions pour contrer des pouvoirs qui se sont préparés, on le devine à ces dangereux bras de fer ?

Et quels seront leurs répliques  face  à ces actions d’opposants  décidés à aller jusqu’au bout ?

Ailleurs, on aurait pu se dire que ces activités anti 3e mandat ne franchiraient pas certaines lignes rouges, mais sous les frimas de nos démocraties tropicalisées et au regard du passif de cette Côte d’Ivoire de 2010 et  de cette Guinée abonnée aux traditionnelles violences politiques, il faut craindre que ces activités anti-pouvoir ne soient un doux euphémisme pour désigner une confrontation  violente entre des alliés d’avant-hier et hier qui se battront pour la conservation ou la reconquête d’un pouvoir dont chacun estime qu’il est sien ou que c’est son tour. Le Renoncement de Ouattara, la rayure des noms de Gbagbo et Soro de la liste électorale ont été entre autres des causes de violences il y a  3 semaines qui ont fait plusieurs victimes.

Le toilettage de la constitution, sa légitimation référendaire et la virginité politique octroyée à Alpha Condé sont autant de casus belli politique en Guinée.

La crise préélectorale en Côte d’Ivoire est maintenant une réalité et au fil de l’approche du 31 octobre elle prendra sa forme dure nimbée de violences, miasmes d’un pays qui caracole certes au zénith économique dans la sous-région, mais avec des populations au cœur toujours meurtris par les douloureux évènements d’il y a 10 ans. 

En Guinée on dénombre déjà une dizaine de victimes bien avant la campagne officielle, prémisses à des violences inévitables.

I l y a toujours 2 Côte d’Ivoire et la présente élection est l’occasion pour les amis politiques des années 2000 de se rappeler au bon souvenir de certaines pratiques que chacun condamne mais n’hésitera pas à en user et abuser surtout que la violence est toujours consubstantielle aux  élections post-Houphouët.

En Guinée-Conakry ça sent déjà le roussi en plein nez.

Deux pays du Golf de Guinée, deux élections à 2 semaines de distances qui portent toutes les marques d’une plausible déflagration avant, pendant et après le vote. Que vaut-il que l’Afrique choisisse : ces élections démocratiques violentes souvent tronquées ou truquées et ces putschs constitutionnels ou le retour du pouvoir kaki ? Le débat est ouvert.

La CEDEAO devrait d’ailleurs outre le Mali, jeter un regard sur ces deux pays car si Ouattara et Condé jouent les médiateurs au Mali eux-mêmes avec cet entêtement en excluant les autres candidats ou en viciant le processus, Condé et Ouattara pourraient eux aussi connaître les misères du pouvoir et avoir besoin de la même CEDEAO. Dans l’Afrique de 2020 où tous les codes politiques ont été soit,  brisés soit rangés au placard, les printemps arabes et les harmattans brûlants burkinabè et soudanais sont passés par là. Sur ce continent là, tout est dans l’univers du possible.

La Rédaction

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