Manifs, tueries et première sortie de Kaka au Tchad : Difficiles négociations pour le trio Macron-Bazoum-Ghazouani

Manifs, tueries et première sortie de Kaka au Tchad : Difficiles négociations pour le trio Macron-Bazoum-Ghazouani

Les derniers développements de l’actualité au Tchad pourraient illustrer parfaitement cette vieille maxime : «On ne gouverne pas avec la morale, mais on ne gouverne pas sans elle», disait André Malraux au sujet de la politique, et sans doute, depuis hier, le chef du Conseil militaire de Transition (CMT) au Tchad Mahamat Idriss Deby Itno, doit méditer sur cette tirade. Hier mardi 27 avril 2021, il a connu sa première chaude et meurtrière journée à N’Djamena. Dès l’aube, suite aux appels de partis politiques de l’Opposition et de la société civile, des milliers de manifestants ont pris d’assaut rues et artères de la capitale et d’autres localités pour marquer leur opposition à ce qu’ils qualifient de «confiscation du pouvoir par l’armée».

Les Forces de l’ordre, ici les militaires échaudés par l’ambiance de ces derniers jours avaient le doigt nerveusement sur la gâchette. Bilan, un tué à  Moundou au Sud et une femme tuée dans un bus attaqué par des manifestants. Du reste, ce bilan fait déjà l’objet d’une controverse. Alors que le gouvernement  affiche 5 morts à son compteur, les organisations de la société civile planchent pour 9 tués.  Les premiers cadavres du règne de Deby-fils, un pouvoir décrié au regard des pancartes et écriteaux sur lesquels on pouvait lire : «Non à la monarchisation  du pouvoir… Dissolution du CMT… Non au néocolonialisme français… !»

Occasion rêvée que la montée de ce mercure politico-social, occasion en or donc pour celui que certains nomment Kaka, de faire sa première sortie. Bien qu’il n’ignorait pas les gravissimes évènements de la journée, cette sortie radio-télévisée du général Deby a fait dans l’évitement et le convenu. L’armée a dû prendre ses responsabilités pour conjurer le chaos et le Tchad a rendez-vous avec son histoire et il n’est pas question de laisser les rebelles et les manifestants instaurer le désordre et tutti quanti…

Pourtant, qu’on ne s’y trompe pas, ce premier discours de l’homme fort du Tchad est traversé de part en part par la situation qui prévalait hier. Et c’est quasiment une réponse à double détente que Kaka a livré. Par la répression et par la parole, pour que les uns et les autres disposent ou plutôt sachent à quoi s’en tenir à l’avenir.

Le scénario tant redouté est donc bien prégnant au Tchad : l’escalade violente et ses premières victimes. Le CMT face à une partie des populations, aux opposants et aux …rebelles. La balle est dans le camp du trio des négociateurs Macron-Bazoum-Ghazouani. Mais que peuvent proposer vraiment ces 3 chefs d’Etat ?

Le président français n’est-il pas d’ailleurs disqualifié en tout cas aux yeux des opposants et des rebelles ? Peut-être mais son poids reste intact au niveau du CMT et donc il reste dans le jeu.

Ces 3 négociateurs devront en tout cas rapidement déboiter sur le terrain pour d’abord, la cessation des hostilités et essayer d’asseoir les frères ennemis autour d’une table.

D’ores et déjà, c’est une Transition qui débute mal, dans le sang et il est encore temps de tempérer les ardeurs mortifères, car 18 mois c’est encore long. La junte ne lâchera pas le morceau, et face à ces manifestants, rien n’indique qu’il y a un leader consensuel pour assurer un intérim si par extraordinaire l’armée se retirait.

S’il est vrai que ce coup d’Etat est condamnable, il est tout aussi vrai que tout ce qui arrive aujourd’hui est la conséquence des longs règnes, des élections de pacotilles et le culte de l’indispensabilité. Et désigner le néo colonisateur français, ça donne bonne conscience, mais il faut que les Africains apprennent à se doter d’institutions et d’hommes d’Etat, à instaurer la démocratie comme tradition. Ce sera le début de la fin des problèmes politiques avec leurs cortèges de malheurs.

Davy Richard SEKONE

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