Marche anti-IUTS au Burkina : Montée du mercure social : orage ou fine pluie ?

Marche anti-IUTS au Burkina : Montée du mercure social : orage ou fine pluie ?

Ce week-end à Ouagadougou, tandis que les 4 500 congressistes du MPP, le parti présidentiel étaient dans la cuvette du palais omnisport de Ouaga 2000 pour son 3e congrès statutaire, à quelques 4 kilomètres de là, serpentaient de la Bourse de travail au rond-point de la Bataille de rail, des milliers de personnes, et quasiment dans toutes les régions du Burkina. Ce sont les syndicats des 200 000 fonctionnaires burkinabè, qui battent les rues contre l’application de l’IUTS, cet impôt que le pouvoir a étendu au public et qui touche les primes et les indemnités.

Deux images inversées en l’espace d’un week-end qui montrent aussi la quasi-permanence d’un bras de fer entre l’Etat et la puissante coordination des syndicats du Burkina, un tango qui connaît quelques accalmies mais qui n’a jamais cessé depuis presque l’accession au pouvoir du président Roch Kaboré, il y a plus de 4 ans.

«Equité fiscale, justice sociale» brandit le gouvernement pour justifier la mise en œuvre de l’IUTS qui frappe déjà les fonctionnaires depuis fin février 2020. Fadaises ! Réplique le porte-voix attitré des syndicats, Basolma Bazié, SG de la CGT-B, qui articles de la Constitution à l’appui et surtout émoluments de certains premiers responsables de la République, estiment que la mise en œuvre de cet IUTS est léonine !

Pour le pouvoir en place, il n’est pas normal par exemple que certaines indemnités et primes de fonctionnaires dépassent le salaire de base ! Pour les travailleurs du public, le salaire de base sans ces indemnités clochardisent le fonctionnaire, surtout à sa retraite.

Lorsqu’on regarde cette histoire des indemnités, au niveau du public, ils sont de l’ordre de 25 milliards. Peu pour le gouvernement au regard des réalités, car ces IUTS sont déjà ponctionnées chez le public, mais le gouvernement estime que ce sont des broutilles !

En tout cas, des magistrats aux greffiers qui ont suspendu toutes les audiences, aux financiers qui ont érigé 12 mesures de rétorsion, un dur ‘’ting-tang’’ s’est amorcé entre le pouvoir et les syndicalistes. La température sociale s’est surchauffée !

Du 16 au 20 mars, une grève est décrétée, reconductible si rien n’est fait. «Tout jour grevé sera sans salaire» rétorque le gouvernement, qui n’entend pas rétropédaler.

Revient le spectre de 2018, année noire en termes de grèves à tiroirs et de pertes de recettes qui avaient mis le pays sur cale économiquement.

Il faut le dire que si l’affaire de l’IUTS divise dans l’opinion c’est moins la justesse de la revendication que certain propos de fonctionnaires laissant entendre «qu’ils paient l’impôt». Tout le monde paie l’impôt. D’où des avis partagés sur ce phénomène.

Ici, c’est un impôt spécifique que le privé paie (on estime à 100 milliards) alors que le public paie moins selon certains ce qui constitue le casus belli. Mois de mars chaud donc en perspective, en plus d’une canicule à cuire un œuf en plein air, cette montée de mercure social n’arrange pas le Burkina dont l’insécurité a rendu l’économie sous perfusion, et un contexte social très difficile.

Il va falloir que gouvernement et syndicats s’asseyent rapidement autour d’une table pour éviter le grand plongeon dont le Burkina en pâtira. Les Burkinabè ont déjà des bleus à l’âme, il ne faudra pas en rajouter, et c’est toujours vers le gouvernement qu’on se tourne. Mais aussi vers les syndicats qui ne cessent d’exhiber la grève comme première arme de leur lutte.

La REDACTION

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