L’opposition congolaise debout comme un seul homme ce 11 mars 2023, contre l’inacceptable à l’Est du pays, l’inacceptable, c’est la guerre que mène la rébellion du M23, soutenue selon Kinshasa et plusieurs rapports onusiens par le Rwandais, et que peinent à contrer et l’armée congolaise, et les troupes de la Communauté est-africaine, et ce, malgré plusieurs cessez-le-feu allègrement non respectés par le M23.
Comment comprendre que l’Angola, par exemple dont le président patronne la médiation entre le M23 et Kinshasa envoie des soldats pour aider à cantonner ces rebelles du M23 autrement dit à les combattre ? Le dernier en date étant celui du 7 mars dernier.
Devant une foule de plusieurs milliers de personnes, Martin Fayulu, Chérubin Okendé (porte-parole du parti de Katumbi) et Augustin Matata Ponyo (ex-PM qui a rejoint l’opposition) ont battu le bitume en signe de protestation contre ce qui se passe dans la capitale du Nord-Kivu.
Ces 3 leaders, tous candidats à la présidentielle de décembre, ont marché une dizaine de kilomètres dans la capitale congolaise contre cette guerre injuste. Une marche de «résistance patriotique… pour faire savoir au monde entier que nous sommes attaqués par le M23 et le Rwanda…».
Et Matata Ponyo d’interpeler le gouvernement sur «le manque de bonne gouvernance et de leadership» se gargarisant même qu’en 2013 lorsqu’il était premier ministre, le M23 avait été chassé de la RD Congo.
Le camp de Katumbi ne dit pas autre chose lorsque Okendé, en tenue treillis pointe une riposte timide de l’armée congolaise en-deçà des attaques du M23, tout en signifiant que l’heure n’est plus aux complaintes, mais à s’armer et combattre.
Jonction donc de l’opposition avec Felix Tshisekedi sur la situation à l’Est :
On se rappelle qu’à toutes les réunions sur cette guerre que ce soit à Luanda, ou à Bujumbura, le président Tshisekedi n’a eu de cesse d’indexer le Rwanda et la relative inaction de la Communauté internationale. Le 5 mars dernier lors de la visite d’Emmanuel Macron à Kinshasa, «Fatshi» s’était encore montré dubitatif sur le cessez-le-feu du 7 mars, et sur la réelle volonté de cette Communauté internationale, à solutionner la question. Ce jour-là d’ailleurs, une marche contre la présence de Macron et l’implication du Rwanda s’est déroulée.
Mais si l’opposition embouche la même trompette que Tshisekedi, relativement au M23 et ses tenants et aboutissants, cette marche qui a drainé du monde ce 11 mars, est en même temps une démonstration de force de sa capacité de mobilisation même si ce sont les autorités qui ont donné leur quitus pour cette manifestation et nul doute que sans ce feu vert, ça se serait terminé en jets de lacry et course-poursuite. Mais, comment Tshisekdi expliquerait-il à ses compatriotes qu’il a empêché de marcher contre un sujet national que la guerre à Goma ?
Entre donc interdire la manif de l’opposition et se mettre à dos les Congolais et l’autoriser, permettant à ses adversaires de faire disons-le une répétition générale de sa mobilisation à 9 mois d’une désormais hypothétique présidentielle (à cause justement de cette guerre) entre les 2, le pouvoir a opté pour le premier.
Et Fayulu qui en a gros sur le cœur depuis 2019, Katumbi qui veut endosser le costume d’un présidentiable capable, et Matata Ponyo, rêvant de revenir en surface, tous ont profité de cette aubaine pour se requinquer d’autant que l’actualité brûlante leur donne raison : A Béni qu’on devrait débaptiser tant la malédiction des massacres semble être la norme, 40 personnes ont été tuées par les rebelles ADF, affiliés à l’EI venus de l’Ouganda. Ce qui hypothèque encore plus l’échéance de décembre, et du reste, devant Macron, Tshisekedi, a brandi cette hypothèse de report.
Enfin, toujours au sujet de cette opposition qui profite à fond de cette situation à Goma, cette mise en scène macabre lors de cette marche du 11 mars : ce cercueil recouvert d’un drapeau rwandais et l’effigie du président Tshisekedi, avec une croix. Une tentative de cannibalisation politique de Tshisekedi, ce qui a fait monter la tension avec les ouailles du pouvoir et quelques échauffourées, vite maîtrisées par la police.
A quelque chose donc malheur est bon, l’opposition congolaise désunie, mais en conglomérat à l’occasion s’est resserrée face à un Tshisekedi qui habite la fonction présidentielle et pourrait obtenir un deuxième bail à la compétition suprême.
Il faut aussi espérer que la cavalerie du Conseil de sécurité de l’ONU qui est in situ a touché du doigt les réalités du Nord-Kivu, avec les témoignages des rescapés, la vie dans les camps de réfugiés, les exodes qui continuent, il faut espérer de ce conseil de sécurité onusien que des mesures efficaces seront prises. Car à Goma, la Communauté internationale a sa responsabilité, ce n’est certes pas la Russie-Ukraine, mais ça mérite aussi des mesures concrètes.
La REDACTION
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