Marche des femmes anti-3e mandat à Conakry : Heureusement qu’elles ne sont pas sorties nues !

Marche des femmes anti-3e mandat à Conakry : Heureusement qu’elles ne sont pas sorties nues !

Alpha Condé a dû pousser un ouf de soulagement. Les femmes, à Conakry, ont gardé sur elles pagnes et jupes lors de la marche du 24 octobre 2019. Superstition ou pas, les dirigeants africains préfèrent ne pas faire face à certaines scènes, images ou comportements qui sont de très mauvais augure sous le ciel tropical. Hier en effet, accoutrées de vêtements blancs, signe de deuil, ces grandes électrices, ont battu le macadam pour désavouer le président guinéen qui veut rester au palais Sékoutoureya pour un 3e bail. Les leaders du FNDC, doivent également recouvrer la liberté, ont-elles martelé dans les rues. Sans oublier les tueries à balles réelles.

«Non à l’assassinat de nos enfants. A bas le 3e mandat», scandaient-elles. Heureusement, que ces mères et sœurs ne sont pas sorties nues, sinon les haricots seraient cuits pour Condé. En tous les cas, lorsque les  femmes envahissent les rues pour une cause politique, il faut y tendre une oreille attentive. Quelques exemples l’illustrent.

En 1991, au Mali, Moussa Traoré pour avoir pris pour épiphénomène ou pour marginal, le défilé des Maliennes nues et en colère a été délogée de la colline du pouvoir par ATT. Celui qui tomba Modibo Kéïta, a certes augmenté le nombre de tombes au cimetière des Martyrs de Bamako, en tirant sur les manifestants, mais, il a chuté de sa tour d’ivoire. Scène semblable au Burkina, 23 ans plus tard chez le voisin burkinabè.

On se rappelle qu’en 2014, au plus fort de la contestation contre la modification de la Constitution ouvrant la voie à un troisième mandant de Blaise Compaoré au Burkina, une manifestation de femmes avait d’abord été interdite. Le jour de la manifestation, les forces de l’ordre ont été déployées. Mais elles ont dû finalement battre en retraite lorsque les manifestantes ont brandi des spatules, ustensiles de cuisine très symboliques en Afrique. Du reste, de nombreuses voix ont lié la chute du régime de Compaoré à cette sortie particulièrement remarquée de l’autre moitié du ciel à Ouagadougou.

Et cette forme de langage laisse le plus souvent les autorités très désappointées et désarmées.

A la marche de Conakry, il n’y a pas eu de spatule ni de femme en tenue d’Eve. Mais pourtant, le président Alpha Condé, qui participe au sommet Russie-Afrique à Sotchi, ne devrait pas trop jouer du tam-tam et danser à s’en enfler la plante des pieds. Ce mandat de trop que lui Condé veut de tout son cœur, est crisogène pour la Guinée, car ça ne passera pas et souvent seul l’intéressé ne s’en rend pas compte, et s’en laisse conter fleurette par l’entourage transi par l’esprit de cour et le souci de garder les privilèges.

Une manifestation de femmes, qui protestent surtout contre la mort de leurs enfants, est toujours à prendre au sérieux.  Leur titre de «l’autre moitié du ciel» n’est pas à prendre à la légère. Elles constituent une part de la force ouvrière et aussi électorale sous les tropiques. La voix de la femme, surtout lorsqu’elle est mère, est très sacrée et écoutée dans les pays africains. Son cri sous le ciel de la Guinée devrait retentir comme échos de stentor, même si il est bouché par le bruit de l’entêtement de l’octogénaire à briguer un troisième mandat.

Ahmed BAMBARA

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