Marche-meeting du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation : Justice pour le pogrom de Yirgou !

Marche-meeting du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation : Justice pour le pogrom de Yirgou !

On se souvient comme si c’était hier, ce qui s’est passé dans le village de Yirgou, localité située à une dizaine de kilomètres de Barsalogho dans le Centre-Nord. Le dernier bilan du gouvernement fait état de quarante-neuf (49) morts, tandis que d’autres sources bien informées indiquent soixante-dix (70) morts. Un bilan sanglant, dont les peuhls ont payé le plus lourd tribut. C’est pourquoi, sur appel du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC), la population, constituée majoritairement de peulhs, est sortie nombreuse pour exprimer son ras-le-bol le samedi 12 janvier 2019. Justice pour les victimes de yirgou, dissolution pure et simple des groupes d’auto-défense Koglwéogo, éradiquer la stigmatisation au Burkina Faso, tels ont été les messages véhiculés à cette marche. En attendant une autre marche-meeting prévue pour le samedi 19 janvier 2019 à Bobo Dioulasso, les regards sont à présent tournés vers le président du Faso, pour que justice soit rendue à toutes les victimes de ce drame.

Que dire ? C’est la première fois qu’un tel évènement se produit au pays des hommes intègres. Une nation reconnue pour sa diversité culturelle et ethnique, où le bon vivre régnait en maitre, jusqu’à ce que le 1er jour du Nouvel an 2019 en décide autrement. En rappel, tout est parti de l’assassinat de six personnes, dont le chef de yirgou, par des hommes armés, le mardi 1er Janvier 2019. Après cela, s’en sont suivies des représailles contre la communauté peuhle. Le dernier bilan du gouvernement fait état de quarante-neuf (49) morts, tandis que d’autres sources bien informées indiquent soixante-dix (70) morts. Un bilan qui s’alourdit de jour en jour. C’est dans le but de restaurer le bon vivre ensemble et lutter contre la stigmatisation que, sur appel du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC), la population de Ouagadougou, constituée majoritairement de peulhs, est sortie nombreuse pour exprimer son ras-le-bol, le samedi 12 janvier 2019. Partis de la place de la Nation en direction de la Cathédrale, en passant par la Bourse du travail pour rejoindre le rond-point des Nations unies et revenir ensuite à la case départ, hommes, femmes et enfants ont réclamé justice pour les victimes du drame de Yirgou. «Le vivre ensemble dans un Etat de droit est plus qu’un impératif. Mais les évènements de Yirgou viennent démontrer qu’il peut être mis à mal et ce, de façon anodine», s’exprime sur le podium, Daouda Diallo, porte-parole du collectif. Pour lui, les Burkinabè ne doivent pas tomber dans le piège des terroristes, dont l’objectif est de diviser pour mieux régner. A l’entendre, les citoyens doivent se départir des accusations gratuites et fortuites, de même que les préjugés, au nombre desquels, le délit de faciès.

La soif de justice du Collectif

«La seule alternative qui s’offre à nous dans cette lutte contre le terrorisme, c’est de nous ranger résolument derrière notre gouvernement et l’ensemble des institutions républicaines», a-t-il relevé. Par ailleurs, il a réitéré sa volonté inébranlable de voir la justice s’appliquer dans toute sa rigueur, aux auteurs de l’assassinat du chef du village de yirgou et sa famille, ainsi qu’à tous les criminels, responsables des massacres injustifiés contre la communauté peuhle. «Seule une justice rigoureuse et diligente peut nous épargner des affres d’un cycle de violence aux conséquences imprévisibles et apaiser les cœurs des victimes», a-t-il laissé entendre. Quant au président du comité de crise de Yirgou, Hassane Barry, cette marche est une occasion pour toutes les filles et tous les fils du pays, de se parler franchement. Selon lui, le Burkina Faso n’a pas d’ethnies, mais plutôt des Burkinabè. A ce titre donc, il a souhaité lui aussi que la justice tienne rigueur, afin que le cycle infernal des massacres ne soit pas une réalité.

Me Farama interpelle le chef de l’Etat

Me Ambroise Farama, avocat des victimes du drame de Yirgou jette l’anathème sur le gouvernement : «ce drame pose l’épineux problème de l’incapacité du gouvernement à faire face aux attaques terroristes, à assurer la sécurité des personnes et des biens, mais aussi et surtout, la stigmatisation de certaines communautés et de l’incapacité de la gouvernance à assurer la cohésion sociale». Il a insisté sur le fait que le manque de justice conduira inéluctablement le pays dans une situation dramatique et irréparable, «et quand le crime reste impuni, le monde n’est plus harmonieux». Ce dernier va plus loin, en interpellant le chef de l’Etat sur sa responsabilité dans le dysfonctionnement du système judiciaire.

Dans son  propos, il préconise que le président du Faso ne peut pas se réfugier derrière le principe de la séparation des pouvoirs, «car il ressort clairement de son serment qu’il a obligation de tout mettre en œuvre pour garantir la justice à tous les habitants du Burkina Faso». Enfin, il a demandé au gouvernement, la dissolution pure et simple des Koglwéogo. Il y a du lourd dans l’atmosphère et la soif de justice est présente. Les regards sont tournés vers le premier des Burkinabè. Il est temps de taper du point sur la table et de sauver le pays d’une guerre civile qui couve lentement et sûrement.

Omar SALIA et Mamadou BENAO

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