Le bilan s’est alourdi à Koumaga. De 32 samedi, le chiffre est malheureusement passé à 37, selon les affirmations d’une association peule. Tabital Pulaaku, c’est son nom, affirme en effet que les chasseurs dozos qui avaient semé la mort la veille, sont revenus dimanche piller et tuer encore, alourdissant ainsi le bilan.
Le gouvernement parle certes d’une possible instrumentalisation de terroristes pour tenter de semer la zizanie dans la zone et déclencher une tambouille qui serait profitable à des intérêts inavoués. Soit. C’est une éventualité qui vaut son pesant d’or. S’affubler d’un costume dozo et en porter les chaussures pour venir assassiner afin de créer un sentiment de révolte et des volontés de représailles est tout à fait plausible dans ce Mali où toutes les probabilités sont possibles. Mais c’est justement ces fenêtres ouvertes à de telles dérives qui ne s’alignent pas dans la logique de la normalité sous l’autorité d’un gouvernant qui a tous les aspérités de son gouvernail bien en main.
Quoi qu’il en soit, il s’avère de plus en plus évident que le gouvernement malien a de sérieuses difficultés à asseoir la sécurité dans les zones qui sont réputées être sous son couvert et son autorité. Le ministre français de la défense Jean Yves Le Drian ne s’était pas montré très optimiste à ce sujet en indexant Bamako, de ne pas pouvoir faire appliquer les Accords d’Alger, ce qui est vrai. L’opinion du patron de l’ONU Antonio Guterres n’était guère différente lorsqu’il s’est rendu en terre malienne en fin mai 2018, même si elle était enrobée dans les limbes de la diplomatie. Il faudra donc que Bamako montre des gages d’assurance. Car pour le moment, de nombreux points d’interrogation planent sur la tenue du scrutin présidentiel sur la totalité du territoire malien.
Cette tache sanglante à Koumaga n’a pas un parfum avantageux pour Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK), le président malien. A un mois d’une élection présidentielle, cela sent l’échec cuisant à plein nez. Au plan sécuritaire, le président malien n’a pas tenu ses promesses. Il ne les a pas réalisées et ne tient pas du tout les rênes de son pays dans ce domaine-là.
Si c’était le cas, les terroristes n’auraient pas autant pion sur rue au point de monter des opérations théâtrales pour tenter de jeter des communautés les unes contre les autres. Il n’y aurait justement pas les traces de ces reflux identitaires auxquels s’agrippent des individus aux desseins inavouables pour perpétrer de tels massacres inadmissibles
A quelques semaines de l’élection présidentielle, le président IBK devra reconnaître qu’il n’a pas été à la hauteur de ces questions. Et peut-être qu’il n’aura pas besoin de trop parler, car les faits risquent d’être plus bavards que lui.
Ahmed BAMBARA
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