Massacre de 137 civils à Tillia au Niger : Terrorisme et dévolution de pouvoir civil

Massacre de 137 civils à Tillia au Niger : Terrorisme et dévolution de pouvoir civil

Tillabéry. Ensanglanté. 58 morts le 16 mars dernier Tillia. Croulant sous les cadavres avec 137 macchabées tués ce 21 mars. Les chiffres sont faramineux. 50. 60. 100. Comme s’il ne s’agissait pas d’un décompte d’âmes d’êtres humains. Des citoyens nigériens, dont la vie a été fauchée brutalement, atrocement et avec une cruelle et médodique régularité par des hommes sans foi ni loi qui se réclament de l’Etat dit islamique qui veut ériger son drapeau infernal sur le Sahara occidental.

Et sur ce tapis rougi par ce carnage répétitif, marchera Mohamed Bazoum, le nouveau président nigérien, à peine sorti de l’utérus de l’élection présidentielle, sans avoir eu le temps de pousser ses premiers vagissements de président de la république nouveau-né, esquisse ses premiers pas difficiles de chef de l’Etat, dans cette environnement de guerre fourée. A 10 jours de sa prestation de serment, le nouveau président voit son bail scuintant du sang de ses compatriotes tués aveuglement par des illuminés, des bandits ou dhjadistes, autant d’oxymores sur le plan littéraire, mais bien des terroristes sur le plan de la guerre.

Lorsqu’un Etat veut s’affirmer, la meilleure façon de le faire, c’est d’éclipser les Etats rivaux, ou à tout le moins, se «faire voir» le plus possible par l’entité étatique dont il tente de s’émanciper ou sur lequel il essaie de s’imposer. L’élection présidentielle est l’une des marques les plus lumineuses et importantes de la vie d’une nation qui a décidé de vivre sous les cymbales et les gongs du clocher de la démocratie.

Le choix du chef de l’Etat est l’expression suprême, voire presqu’ultime de l’affirmation de l’appartenance à ce courant de pensée de la gouvernance des Hommes et des peuples. Elle est activement et essentiellement l’opposé de l’expression de la souveraineté dans un Etat dit islamiste. Le «couronnement» d’un chef démocratique consacre d’une certaine manière la laïcité, l’application plus ou moins stricte des règles de la République aux antipodes de l’application de la Charia et de certains de ses principes. Liberté, justice, égalités de chances ne sont généralement pas bien conjuguées dans ce type d’organisation des hommes.

Il faudra donc trouver les moyens de l’éclipser, de braver, de ternir et d’encombrer l’avènement d’un nouveau Chef d’Etat en terre nigérienne. Une attaque tonitruante et aux chiffres désopilants contre les forces armées nationales nigériennes serait la marque la plus expressive de cette défiance à l’autorité laïque. Ainsi donc la dévolution pacifice et civile du pouvoir qu’a voulu le sortant, prix Mo Ibrahim, le président Issoufou, cette passation, les katibas veulent la salir, la rendre détestable ou du moins la parer du sceau de «malédiction» ou «d’incapacité». En multipliant ces macabres estocades avant, pendant et après la présidentielle, ces assaillants semblent signifier qu’à défaut d’avoir empêché les élections législatives et présidentielle de se tenir, il ne leur reste plus qu’à pourrir ce mandat débutant, et jeter l’opprobre sur ce geste élégant, démocratique et exemplaire du président Issoufou. Un baroud d’honneur ou plutôt de déshonneur, et une lâcheté inégalable, car massacrer des civils à longueur de journée pour protester contre un système, un pouvoir, ou des revendications est tout simplement absurde ! Malheureusement pour les assaillants, les forces de défense et de sécurité du pays de Mahamoudou Issoufou sont de plus en plus aguerries et ont de quoi donné la réplique, de la plus belle des façons, à une quelconque tentative de les provoquer en duel singulier.

La solution pour les forces du mal, solution de facilité, c’est de se rabattre sur des cibles faciles,  des «proies» sans défense que sont les pauvres populations désarmés, les infortunés déplacés internes qui sont abattus sans aucune forme de procès, sommairement, avec une bestialité innommable et que rien, absolument rien, surtout pas une soit disant «guerre sainte» ne pourrait justifier, si ce n’est cette envie de vouloir coûte que coûte marquer d’une «pierre rouge» l’arrivée au pouvoir de Mohamed Bazoum.

Mais n’est-ce pas qu’il s’agit de vaines tentatives d’ombrager un avènement inéluctable de la répétition démocratique du Niger ? Certes. Des vies sont  perdues. Des membres de la commission électorale sont du reste morts dans cet essai aveugle de cacher le soleil avec le doigt. Le Niger pleurera. Mais cela suffira-t-il à  arrêter un processus politique salutaire ? Assurément pas. Comme le roseau et cela est valable pour le Mali et le Burkina, le Niger pliera, mais ne se rompra pas. Et assurément, Mohamed Bazoum marchera  sur un tapis rougi à dessein par le sang des Nigériens jusqu’au fauteuil présidentiel, mais le pays doit avancé. A ces martyrs inconnus, Bazoum et les Nigériens leur resteront redevables et la seule façon d’honorer leur mémoire sera de continuer la bataille contre ces ennemis de l’ombre. Il faudra que le nouveau chef de l’Etat s’en souvienne, pour les neutraliser, trouver des stratégies sur le plan national, mais dans le cadre du G5-Sahel, à même de venir à bout de la vermine qui suce l’hémoglobine vitale de son pays. En prenant la vie d’hommes, 1er capital de tout pays.

Terrorisme et dévolution de pouvoir civil, telle est la sanglante problématique qui ténaille actuellement le Niger et le 2 avril prochain, en le renvoyant à son serment, le président de la Cour constitutionnelle ne pourra manquer de signifier dans sa mercuriale au président-philosophe Bazoum que ce sera son chantier n°1.

Ahmed BAMBARA

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