Massacre de Barga et Dinguila : Inquiétante trajectoire, on flirte avec la guerre civile au Burkina

Massacre de Barga et Dinguila : Inquiétante trajectoire, on flirte avec la guerre civile au Burkina

Alors que des milliers de femmes, célébraient ce dimanche   au Burkina, le 8-Mars qui leur est dédiée sur le thème : «Crise sécuritaire au Burkina : quelles stratégies pour une meilleure résilience des femmes», à près de 200 kilomètres au Nord de Ouagadougou, 43 personnes tombaient sous les balles barbares de groupes armés.

43 âmes ont été arrachées à Dinguila et Barga. Le gouvernement parle d’individus armés non identifiés. Mais d’autres sources semblent plus formelles et indexent des ‘groupes d’auto-défense’. L’AFP citant certaines sources indexant des groupes d’auto-défense qui cristallisent par intermittence la passion au Burkina. L’esprit prudent refuse de penser à l’horreur de la vendetta. La raison prie de tout cœur pour que l’horrible bavure de Yirgou n’ait pas abrité un duplicata à Dinguila et Barga.

Car hélas ce mini- pogrom de Barga et Dinguila, au-delà des vaticinations, des supputations et des faux-fuyants, exhale une odeur semblable à celle de Yirgou, localité où dans la nuit du 1er au 2 janvier 2019 une  cinquante de personnes avaient été tuées par des groupes d’auto-défense. Il faut effectivement croiser les doigts que ce ne soit pas l’histoire qui repasse les plats. Les reflux inter-communautaires font le lit des terroristes qui surfent sur cette corde, mais sont aussi le terreau des guerres civiles. Malheureusement, la prière ne suit pas toujours les mêmes trajets que la réalité.

Il y a de fortes chances qu’à Barga et Dinguila, une question de complicité et de soupçons de connivence avec les terroristes ait sorti une brindille d’allumette de son étui et allumé ce brasier qui a consumé 43 âmes. En effet, les raisons de cette tuerie sont que ces 2 villages seraient les refuges des terroristes, qui il est vrai ont perpétré d’horribles assassinats depuis janvier 2020 : Arbinda, Barsalgho, Banh … Mais faut-il même dans le cas d’espèce appliquer la loi du talion ?

Si cette hypothèse est vérifiée, c’est très déplorable et très dangereux pour la structure de la cohésion sociale au Burkina Faso, déjà ployant sous le poids des rancoeurs. 

C’est clair, aucune nation ne peut rester debout si le choix de la Justice par soi-même s’érige en principe. Les règlements de compte et la vengeance basés exclusivement sur des soupçons et des préjugés ouvrent la voie à un cercle infernal dont le cycle vicieux peut conduire dans des méandres dont on sort et surtout dont on se remet difficilement. Depuis fin décembre 2019 à fin février 2020, des civils burkinabè, ont été froidement massacrés qui dans des marchés, qui dans des lieux de culte et la tentation effectivement de trouver d’abord des boucs d’émissaire et surtout de se venger est humaine. Sauf que cette trajectoire est un pis-aller car c’est la voie royale d’une vendetta cyclique, prolégomènes à une guerre civile .

Il faut saluer la compassion du gouvernement qui a dépêché 2 ministres sur les lieux de la tragédie ( lire page 3) et décrété 48 heures de deuil fissa.

Dans cet ordre d’idées, il est salutaire que le procureur se soit saisi de ce dossier. Mais il ne faudrait pas que la suite suive les mêmes travers que ce qui a plané sur le carnage de Yirgou. En effet, ces dossiers criminels sont si sensibles que les victimes veulent rapidement justice, même s’il est vrai que le rythme de la justice n’est pas celui du  justiciable.

Les coupables de ce massacre doivent être identifiés, retrouvés et placés sur le chemin de la Justice. C’est le seul gage pour une paix des cœurs.

Des mécanismes de prévention doivent aussi être imaginés pour éviter que de pareilles dérives se reproduisent. L’arbitraire et l’injustice sont des champs fertiles où poussent les vénéneuses herbes de la révolte et de ses racines adventives imprévisibles et fortement destructrices. Un débat sain et objectif sur les conflits communautaires, les groupes d’auto-défense et la cessation de la stigmatisation  pourrait être un bon début. Pour cela, il faut renforcer la force légale, et que la justice s’applique.

En attendant, pourvu que la raison retrouve la route de ce Burkina qui s’aventure de plus en plus dangereusement dans une stratosphère jusque-là inconnue.

Ahmed BAMBARA

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