Toumba Diakité ex-aide de camp de Dadis Camara, l’auteur de la tentative du régicide du palais Sékoutourya, a bien été arrêté, à Dakar le 20 décembre 2016 et emprisonné à la Maison d’arrêt et de correction de Conakry. Le Lt-colonel Tiégboro Camara a été inculpé en février 2012. Claude Pivi alias Koplan est aussi dans la lorgnette judiciaire. Quant à Moussa Dadis Camara lui-même, il vit certes en exil à Ouagadougou, mais est aussi sous le coup de la justice. Toutes ces personnalités, on l’aura deviné, sont peu ou prou soupçonnés d’être les responsables des massacres et des viols à huis clos dans le Stade du 28 septembre, crimes commis il y a neuf ans.
Le 28 septembre 2009, en effet, après avoir senti que sa volonté de rester au pouvoir par un jeu de passe passe électoral, se heurtait à une opposition teigneuse, Dadis Camara a-t-il envoyé ses séides tirer sur la foule rassemblée dans la cuvette du stade éponyme ?
Est-il le responsable des viols des femmes ce jour-là ? Passé les blocages, les comportements dilatoires et les pressions de toute sorte, neuf ans après le dossier de l’innommable de ce stade guinéen a connu des avancées significatives : Dadis, le général Toto Camara, Toumba, et autre Tiegboro, seront bientôt dans le box des accusés. Ce n’est pas trop tôt, les familles des 157 victimes de ce jour maudit n’attendent que ce jour, ou justice sera dit, et que la vérité jaillisse : qui a fait quoi ? Qui a ordonné aux tueurs et violeurs de venir commettre ces crimes. Des personnalités de l’opposition de l’époque telles Jean-Marie Doré (décédé), Sidya Touré, Celloun Dallein Diallo… ont dû la vie sauve qu’à leur baraka, et à la loyauté de certains gendarmes.
A ce jour, treize personnes-clés ont été inculpées, 465 personnes auditionnées.
Le 9 avril 2018, le ministre de la justice a créé un comité de pilotage chargé de l’organisation pratique du procès. Ce comité doit se réunir hebdomadairement, même si cela n’a toujours été le cas. Le 1er juin dernier, les activités de ce comité de pilotage ont été lancées, un comité qui devra rechercher les ressources financières et les fonds d’indemnisation pour les victimes. Ce qui est un facteur dirimant car, c’aurait été de bon aloi que l’Etat dégage les moyens nécessaires pour ce méga-procès, qui implique d’anciens premiers responsables étatiques.
En outre, la justice guinéenne joue sa crédibilité, et ce n’est pas sans raison que la CPI suit le dossier du massacre du 28 septembre de près. Le fameux comité doit donc trouver le nerf du procès, et la justice pourra alors se dérouler. L’argent est la chose qui manque le plus pour le moment. Vivement, car neuf ans, c’est une éternité, surtout pour des familles qui ont perdu les leurs, des femmes qui ont été meurtries par des objets contondants…
Et puis il est temps que la Guinée qui, depuis l’élection d’Alpha Condé, a entamé une phase de son développement, tourne la page des ères précédentes: dictatoriale avec Sékou Touré, autiste avec Lassana Conté et ubuesque avec Dadis Camara et ferme définitivement ce pan sombre de son histoire. Le président Alpha devra y veiller pour qu’au terme de son second et en principe ultime mandat, ce passif judiciaire soit apuré, comme solde de tout compte avec tous ces miasmes du passé.
La Rédaction
COMMENTAIRES