Le changement dans la continuité : ainsi en a décidé la Cour constitutionnelle mauritanienne qui a officialisé l’élection du général Ould Ghazouani qu’elle dit avoir été oint à 52,01% par les urnes du 22 juin 2019. Le chef de l’Etat sortant, putschiste notoire, il aura été de l’équipée du 5 août 2005, qui porta son cousin germain Ould Vall au pouvoir, puis, a effectué le coup d’Etat du 6 août 2008, pour s’installer lui-même à la tête du pays, ce partisan de raccourcis militaires, après avoir renversé le président civil élu démocratiquement Ould Cheick Sidi, aura réussi le tour de force de rempiler 2 fois par les élections. Il aurait voulu une 3e louchée, mais les temps ne s’y prêtent guère. Autre stratégie alors !
Refusant de charcuter, ni à la hache, ni au scalpel, la Constitution pour se tailler un 3e bail, il a trouvé la parade, en désignant un dauphin, pour lequel cette présidentielle était imperdable : son ami et frère d’arme, avec qui il est lié par un long compagnonnage depuis l’école militaire du Maroc, jusqu’au fameux BASEP, le Bataillon de sécurité présidentiel, en passant par la chefferie de l’état-major de l’armée.
Exit les recours des Biram Ould Dah Abeid, Sidi Mohamed Ould Babacar et autre Kane Hamidou Baba. Merci à qui ? Merci à Poutine le Tsar russe que bon nombre d’Africains admirent et dont la pichenette en 2008 lui a permis de faire veiller sur son fauteuil par Medvedev avant de le retrouver. Le maître du Kremlin fait désormais des émules sur le continent.
Le 5 août 2019, cette formalité décidée par le président mauritanien sortant se concrétisera : le général Mohamed Ould Abdelaziz remettra la charge suprême au général Mohamed Ould Ghazouani. Le sortant a bien laissé entendre, qu’en 2024, il reviendra.
Après Kabila, qui est dans la même posture avec Tshisekedi en RD Congo, voici, Ould Abdelaziz qui emboîte le même pas. Et si effectivement Dieu donne longue vie à ces 2 sortis, ils reviendront, car en vérité, ce sont eux qui détiennent la réalité du pouvoir. La probabilité est d’ailleurs beaucoup plus évidente pour le Mauritanien qui est militaire.
C’est ce qu’au Burkina Faso, dès 2013, jusqu’à 2014, les amis et certains compagnons de Blaise Compaoré lui avaient suggéré. Lui réputé avoir l’intelligence politique doublée d’une baraka proverbiale, aurait dû sentir le vent du boulet, et accepter ce tour de passe-passe. «Même si c’était un mouton que Blaise avait désigné comme candidat du CDP, on l’aurait voté», badinaient même certains.
Hélas à l’époque aussi, certains thuriféraires étaient arc-boutés au ‘’Blaise ou le chaos !’’. Pourtant, ce dernier aurait pu jouer à la Poutine-Medvedev, surtout que dans l’écurie du CDP, il y avait des Medvedev à la pelle, il aurait alors fait 5 ans de retraite à Ziniaré, et serait revenu en 2020. Voilà maintenant que d’autres, instruits par le cas burkinabè, feront de probables aller et venus au pouvoir et électoralement sans qu’on ne trouve à redire. Merci encore une fois à Poutine.
Zowenmanogo ZOUNGRANA
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