Me Aly Yugo, ceinture noire 4e dan/ Karaté-do : «Mon ambition est de coacher beaucoup de jeunes»

Me Aly Yugo, ceinture noire 4e dan/ Karaté-do : «Mon ambition est de coacher beaucoup de jeunes»

Frère cadet du président de la Fédération burkinabè de karaté, ils n’ont pas que le sang, l’élégance ou le verbe facile en commun. Ils ont pour passion commune, le karaté. Ceinture noir 4e Dan, Me Aly Yugo, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est aujourd’hui, l’un des ambassadeurs burkinabè le plus connu dans les arcanes du karaté français et bien au-delà. Nous l’avons rencontré pendant son séjour au Burkina.

Pour commencer, qui est Aly Yougo ?

Je suis Burkinabè, j’ai débuté la pratique du karaté en 1979, à Ouaga, à l’école Mandabo, sous la houlette des maîtres Palé Jean-Pierre et Fabéré Sanou. 6 mois après, mon frère, Omar Yugo (ndlr : actuel président de la FBK) m’a rejoint. Dans ce domaine, c’est donc lui qui m’a suivi. L’inverse s’est produit lorsqu’en 1984, il est parti en France pour les études. J’ai emboité ses pas en 1988. Je suis à Besançon, je suis un cadre B dans la fonction publique territoriale, et le karaté pour moi est une passion. Je suis expert en karaté. Je ne dis pas expert burkinabè ou expert français. Je suis simplement un adepte de cet art martial, qui parcourt 12 000 kilomètres par an, pour cette discipline. J’entraîne tous les jours, je forme les ceintures noires, j’ai à mon actif, des jeunes qui font des résultats au championnat de France et à la Coupe de France. J’entraîne des jeunes, avec une approche républicaine, c’est-à-dire dans le respect des valeurs de la république, en les faisant travailler par exemple avec les forces de sécurité, les pompiers. Nous faisons un travail qui va au-delà du karaté.

Vous avez marqué un passage chez les Etalons karatékas. Pouvez-vous nous en parler ?

Mon histoire avec l’équipe nationale du Burkina reste mémorable, j’ai eu la chance d’être décoré en août 83, par le capitaine Thomas Sankara, qui avait organisé la nuit des champions. Ce fut la première reconnaissance nationale. Par la suite, en 98, j’ai eu la chance de participer avec succès à un championnat de la zone 3. C’est la première fois qu’on organisait une telle compétition au Burkina. Mais bien avant cela, en été 97, j’ai été 3e à Dakar au championnat d’Afrique. C’était mérité parce que pour faire un podium à Dakar, ce n’est pas chose aisée. Notre compatriote, le regretté Baba Sanogo, avait également fait la finale.

Par la suite, j’ai poursuivi le travail d’apport que Omar Yugo avait initié, en vue d’un épanouissement du karaté burkinabè. Sur place ou depuis la France, tout ce que nous pouvions mobiliser comme ressources au profit du karaté burkinabè, à travers certains clubs ou la Fédération burkinabè de karaté, nous l’avions fait.

Vous êtes à la tête d’un club à Besançon. Vous pouvez-nous en parler ?

Le club s’appelle le Planoise karaté académie (PKA-Besançon). Il a été créé en 1984, lorsqu’Omar est arrivé en France. Au départ, cela s’est opéré avec des étudiants d’origines congolaise, camerounaise et autres. L’objectif d’Omar, c’était d’utiliser le sport comme un vecteur éducatif, et en même temps, un cadre de formation d’athlètes. Dans cette optique, Omar a organisé le championnat de France universitaire à Besançon, en 93. Il a contribué par médiatiser le karaté. Et du fait qu’il avait créé une entreprise, aussi bien qu’une association qui se voulait être une vitrine du cinéma et de la culture, il rencontrait toutes les personnalités de la localité. Il a réussi à faire quelque chose d’extraordinaire, en réunissant tous les hommes des médias pour une récompense des meilleurs journalistes, sur la base des articles produits sur le karaté. Depuis, le regard a changé par rapport à la médiatisation de cette discipline, alors qu’on nous écoutait à peine, lorsque nous allions vers eux.

Après son départ pour le pays, il a fallu que je reprenne en main la promotion de toutes ces valeurs qu’il avait bâties avec passion et enthousiasme. Je dois dire que ça n’a pas été facile, mais j’ai tenu bon. Grâce à lui, je continue à utiliser le sport comme un outil relationnel de rencontre et d’échange, surtout que le club a l’avantage de se trouver dans un quartier populaire, avec en son sein, 18 différentes nationalités. Au-delà de la sève qui reste la compétition, j’utilise cette discipline pour éduquer les jeunes. Je pense qu’au Burkina, on devrait essayer cette orientation du karaté comme moyen de coaching personnel, dans le milieu scolaire et des entreprises. Cela permettra de cultiver la confiance en soi, d’améliorer les rapports entre employés, la maîtrise de soi, etc. En fait, c’est tout cela que j’essaie de développer en France, mais tout en m’appuyant sur les bases éducationnelles que j’ai acquises au Burkina. Moi, ma passion aujourd’hui, c’est de ramener au Burkina, tout ce que j’ai acquis de meilleur en France, parce que j’ai vu ici, des jeunes qui ont beaucoup de potentiels et qui ont une farouche envie de laisser éclore leurs talents. Il manque juste un peu de moyens et de choix stratégique, pour qu’on parle du karaté burkinabè au plan africain et mondial.

Concrètement, qu’est-ce que vous pouvez apporter aujourd’hui, au karaté burkinabè ?

Mon apport peut se faire à plusieurs niveaux. Je prends par exemple, le cas de Soro Latifatou qui est en France pour ses études. Compte tenu de mon expérience et de ma connaissance du milieu, j’essaie d’élaborer un coaching et une coordination, à même d’amener au moins à un niveau continental. A côté de ses études et des conditions d’adaptation qui ne sont pas toujours faciles, elle aura le karaté comme une bouffée d’oxygène, parce que je serai présent pour lui donner les moyens de s’exprimer. Déjà, je l’ai emmenée à l’open d’Australie où elle a rencontré des internationaux. Elle s’est enrichie de cette expérience, parce qu’elle a pris la mesure du travail qu’il y a à faire au niveau tactique, de la vitesse, la mobilité défensive et défensive. Après, pouvoir l’emmener à l’open d’Istanbul, de Rabat ou de Dubaï, serait le seul moyen de permettre à Latifatou ou à Eude Bilal qui a aussi participer au championnat d’Afrique qui s’est déroulé récemment à Ouaga, de gravir d’autres échelons. Donc, si les internationaux burkinabè sont soutenus par des partenaires soit pour leur permettre d’allier leurs études et la pratique du karaté, ou pour participer à des compétitions spécifiques ou des stages, personnellement, je peux leur apporter mon assistance.

A l’instar de pays comme le Maroc, l’Egypte et autres, nous avons besoin d’acquérir cette longueur d’avance, en nous familiarisant avec les normes mondiales, la connaissance des réseaux, de côtoyer des coaches et des athlètes de haut niveau. Mais cela n’est possible que si le karaté burkinabè, qui a un bon potentiel, se donne les moyens d’aller à la recherche de la performance.

Quelle est, selon vous, l’avenir du karaté burkinabè ?

Au-delà de la cacophonie qui peut exister, l’avenir du karaté burkinabè est prometteur, et ce que j’ai vu lors du champion d’Afrique le confirme. Il y a une jeunesse, il y a un potentiel et il y a surtout une envie de donner. Malgré les conditions parfois difficiles, j’ai vu des athlètes respectueux et généreux dans l’effort. Je pense que si un peu plus de moyens leur sont consacrés par les canaux de stages et de sorties, ils peuvent rehausser l’image du Burkina. Ces jeunes qui ont soif, aspirent à des performances continentales, voire mondiales. Nos mésententes aux origines lointaines ne les intéressent pas, et en aucune façon, ils ne doivent en pâtir. Et quand je vois la caution morale que les hautes autorités coutumières, notamment le Mogho Naaba et les autorités politiques ont accordée au karaté, en assistant au championnat d’Afrique, je suis très confiant.

Une fois de plus, je suis disponible à soutenir autant que possible, les jeunes qui entreprendront de venir en France pour les études et la pratique de l’art, Je suis prêt à recevoir tous les maitres qui veulent venir en France, notamment à Besançon, pour des stages de formation. Je suis disponible à ce qu’ensemble, nous fassions parler du Burkina de la manière la plus belle et la plus forte, à travers cette discipline.

Hamed JUNIOR

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