Me Sandwidi : «Il n’y a pas d’illégalité à faire cesser une illégalité»

Me Sandwidi : «Il n’y a pas d’illégalité à faire cesser une illégalité»

Le procès du putsch manqué du 16 septembre 2015 tire lentement et sûrement vers sa fin. Le mercredi 14 août 2019, Me Alexandre Sandwidi a pris toute une journée pour défendre Hamado Zongo et Abdoul Nafion Nébié, ses clients. Pour l’avocat,  il n’y a pas eu de putsch en septembre 2015 parce que selon lui,  le régime de la Transition était illégitime.

Le paradoxe dans ce procès, c’est que tous les accusés sont innocents. En tout cas, c’est ce que les avocats et les accusés tentent de faire croire au tribunal et par conséquent, l’opinion nationale. Tour à tour, les avocats ainsi que les accusés se sont succédé à la barre pour se défaire d’une quelconque inculpation. Mais, il faut bien un coupable, quelqu’un qui doit endosser la responsabilité. Mais qui donc ?

De toutes les façons, le président du tribunal est très serein et cette sérénité inquiète beaucoup ceux qui portent la robe noire, car ils estiment que ce qui se cache derrière cette sérénité peut se trouver une grosse surprise désagréable.

En effet, comme beaucoup d’entre eux, Me Sandwidi a «prêché» toute une journée pour l’acquittement de ses clients. A l’entendre, le pouvoir de la Transition était tout, sauf  légitime, car il ne provenait pas de la Constitution. Selon la loi fondamentale, explique-t-il, lorsque la vacance du pouvoir a été constatée suite au départ du président Blaise Compaoré, c’était au président de l’Assemblée nationale d’assurer la transition et d’organiser des élections. «Il n’y a pas d’illégalité à faire cesser une illégalité. Ce que le général Diendéré a fait, c’était pour que les autorités de la Transition arrêtent de violer la Constitution», a indiqué l’avocat.

Des circonstances atténuantes pour Nébié et Zongo

Pour ses clients, accusés de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, l’auxiliaire de justice affirme que l’infraction n’est pas constituée, puisque ceux-ci n’ont pris part à aucune rencontre de concertation, donc n’avaient pas connaissance du projet et ne se sont pas non plus associés à son exécution. Et lorsque le parquet affirme que les accusés ont exécuté des ordres illégaux de putschistes qui tentaient d’asseoir leur pouvoir et qu’ils fournissaient des renseignements, Me Sandwidi souligne qu’aucune pièce du dossier ne l’atteste. Ses clients, soutient-il, bénéficient même de circonstances atténuantes, car les actes qu’ils ont posés à l’issue du coup de force n’étaient qu’exécution d’ordres reçus de leurs supérieurs hiérarchiques. Des ordres qu’ils ne pouvaient ni discuter ni juger manifestement illégaux, du fait de l’obéissance et de la discipline militaires qui existent au sein des forces armées. Et pour les faits de meurtres, coups et blessures volontaires et dégradation aggravée de biens, l’avocat indique que la responsabilité pénale ne peut résulter que d’un fait personnel. Les infractions ci-dessus citées ne peuvent, dans ce cas, être la conséquence prévisible de la complicité de l’attentat à la sûreté de l’Etat.

«Ce procès est passé à côté de l’essentiel…»

Il appartenait donc au parquet de faire des démonstrations attestant de la culpabilité des soldats accusés, notamment par des rapports balistiques. «Au lieu de cela,  ce sont plutôt des vidéos à la crédibilité douteuse qui auraient été présentées comme preuves», a déploré l’homme en robe noire.

En revanche, l’avocat reconnaît que le seul délit qu’aurait commis le caporal Nafion Abdoul Nébié, c’est d’avoir pris la fuite pour se retrouver en Côte d’ivoire. Selon l’auxiliaire de justice, il aurait été berné par le sergent-chef Ali Sanou qui lui a fait croire qu’il était recherché. Me Sandwidi explique également que  le soldat de 1er classe Hamado Zongo qui a certes fait partie du convoi de Zorgho, n’est pas descendu du véhicule une fois sur les lieux. «Ce procès est passé à côté de l’essentiel, car en fin de compte, on ne saura pas qui a fait quoi», foi de l’avocat.

Omar SALIA

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