La mauvaise nouvelle se reniflait déjà depuis la nuit de lundi 16 au mardi 17 septembre 2022 où les sauveteurs ont aperçu la baie vitrée couverte de boue et inondée d’eau. Puis c’est le lieutenant Stéphane Nana des Sapeurs-pompiers de Koudougou qui s’est adressé aux populations par un point de presse au cours de laquelle le timbre de sa voix laissait transparaître déjà ce que certains redoutaient.
Et pourtant, depuis cette journée fatidique du 16 avril 2022, où la fosse de cette mine souterraine a été envahie par les eaux, c’est tout un pays qui retenait son souffle dans l’espoir de retrouver vivants les 8 travailleurs coincés dans la fosse par les eaux. Dans cette course contre la montre qui a vu la mise sur pied d’un comité de crise, la situation a par la suite été prise à bras le corps après quelques moments de flottement.
Que n’a-t-on pas mis dans la balance pour sauver ces 8 mineurs ? Déploiement de moyens (120 millions de F CFA pour les fouilles), renforts venus du Maroc et de l’Union européenne. Présence permanente du gouvernement (ministres) dont un fils de la région Bassolma Bazié, ministre de la Fonction publique qui était au four et au moulin. Dans un souci de transparence et de clarté dans la gestion de cette crise, la presse a été mise à contribution pour relayer au jour le jour l’avancée des recherches. Une hypermédiatisation que certains ont vu d’un mauvais œil. Le côté paranormal n’a pas été occulté. Des rites mystiques ont même été accomplis pour conjurer le mauvais sort avant d’entrer dans les profondeurs de la mine, les prières tant du côté de l’église que chez les musulmans sont quotidiennes …
Hélas, jusqu’à hier mardi 17 mai 2022 à 16 heures, tous ces efforts et sacrifices n’ont pas produits l’effet escompté. La deuxième chambre de refuge (retrouvée à plus de 500 mètres de profondeur) qui nourrissait et maintenait la flamme de tous les espoirs est vide. Aucune trace des 8 travailleurs n’a été trouvée. Ainsi, 32 jours après ce malheureux accident, on reste sans nouvelle des mineurs. L’annonce a été faite par le gouvernement dans un communiqué rendu public en fin de soirée d’hier mardi 17 mai 2022. «Les équipes de sauvetage descendues dans la mine ont ouvert la chambre de refuge, malheureusement la chambre est vide. Tout laisse à penser que les mineurs n’ont pas pu atteindre la chambre de refuge au moment de l’inondation et les recherches se poursuivent. Le comité de gestion de la crise est en concertation d’urgence et le gouvernement suit de près la poursuite des opérations sur le terrain», informe le gouvernement.
Le ton employé par le ministre des Mines et Carrières, Jean Alphonse Somé, lors du point de presse, est moins rassurant et pourrait traduire la déception après plusieurs jours de recherche. Sans jouer les oiseaux de mauvais augure, les espoirs de retrouver les 8 infortunés vivants s’amenuisent et le miracle tant espéré par le peuple burkinabè s’éloigne peu à peu comme une ligne d’horizon. En attendant donc la suite des opérations qui consistent à retrouver la troisième chambre où pourraient se retrouver ces travailleurs, c’est tout un pays qui croise les doigts et qui s’en remet à la bonne fortune. Oui, le Burkina demeure en apnée en attendant ce 3e refuge, même si déjà dans l’esprit de nombreux citoyens ceux qu’on aurait pu appeler les 8 «miraculés» n’y seraient pas non plus !
Richard Davy SEKONE
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