Mise en examen de Vincent Bolloré :  C’est mauvais pour les affaires

Mise en examen de Vincent Bolloré : C’est mauvais pour les affaires

Les juges français avaient trois possibilités lorsque le milliardaire Vincent Bolloré leur a été présenté : le libérer, le coiffer du statut de témoin assisté ou le mettre en examen. C’est cette dernière porte que les magistrats ont choisie pour faire entrer l’homme d’affaires dans le couloir de la Justice. Ce qui prouve que les juges ont entre leurs mains des  indices graves et concordants prouvent son implication dans les faits qui lui sont reprochés.

Et quels sont-ils ces faits ? Fortes odeurs de corruption dans l’attribution de 2 concessions portuaires : Conakry et Lomé. Le groupe Havas, autre propriété du milliardaire breton, aurait joué auprès de Alpha Condé en 2010 et la même chose auprès de Faure Gnassingbé, lors de présidentielles que les intéressés ont gagnées. Havas aurait sous facturé, contre l’obtention de ces deux concessions portuaires.

Les deux juges financiers Serge Tournaire et Aude Buresi ont-ils des «indices graves et concordants»  sur les raisons de l’éjection de Getma en 2011, qui gérait le port de Conakry depuis 2008 par le président Alpha qui l’a rétrocédé à Bolloré ? Apparemment, on peut répondre par l’affirmative avec, cette mise en examen du PDG du groupe. La bagarre judiciaire entre  Bolloré et Jacques Dupuidauby sur le quai du port de Lomé, qui s’est soldée par la victoire du premier, a-t-elle été favorisée par un favoritisme intéressé du pouvoir togolais ? Les conflits d’intérêts ont-ils été si flagrants qu’ils ne peuvent passer les nasses de la normalité ?

Cette mise en examen tend à apporter une bouffée énergisante aux détracteurs de l’homme d’affaires qui voyaient en lui un familier des palais présidentiels qui prenait plaisir à faire flirter la politique et les affaires pour servir ses intérêts de milliardaire. Auquel cas, tout ce qu’il aura fait depuis tout ce temps le rattrape  à grandes enjambées, facilitées par cette distorsion que le Temps s’amuse souvent à créer pour mettre à nu certaines actions humaines nauséabondes. Getma devrait alors commencer à rire sous cape, animé du sentiment d’être vengé par la divine Providence.

Toutefois, il ne faut pas l’oublier. En droit et en justice, l’innocence est la règle et la culpabilité, l’exception. Vincent Bolloré est certes mis en examen, mais rien ne dit qu’il n’en sortira pas blanchi. Avec des jarrets aussi financièrement solides, il n’est pas de doute qu’il ne se refusera pas le plaisir de s’attacher les avocats les plus rusés, intelligents et fins connaisseurs des acrobaties juridiques à faire pour se libérer de ce mauvais pas. Et puis à moins d’inverser la charge de la preuve, il faudra, aller jusqu’au bout, apporter des faits tangibles pour pouvoir coincer ‘’Bolloré-l’Africain’’.

En attendant, cette publicité dans les couloirs de la justice est tout sauf bonne pour le teint et le maintien des affaires. En bourse, des flèches pourraient bien pointer vers le bas, tandis que la perception de Bolloré comme un  usager de la corruption va aller en s’affermissant. Il n’est pas difficile de croire que Bolloré pourrait se sortir de cette mauvaise passe. Mais il n’est pas certain que ses affaires auront toujours le même allant lorsque l’orage sera passé. Bref, c’est une publicité dont Bolloré aurait bien voulu s’en passer.

Ahmed BAMBARA

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