Mission gouvernementale à Kidal : Une démarche de charme de la transition civilo-militaire ?

Mission gouvernementale à Kidal : Une démarche de charme de la transition civilo-militaire ?

L’harmattan de la paix et de la réconciliation est-il en train de souffler sur Kidal, la citadelle autrefois interdite à l’administration malienne ? Une question qui vaut son pesant de dune de sable. En effet, c’est avec un brin d’étonnement que l’on apprend le déplacement, hier lundi 25 janvier 2021, d’une délégation gouvernementale composée de six membres dans cette localité sous coupe rebelle depuis pratiquement huit ans.

 Depuis le coup d’Etat du 18 août 2020, c’est la première fois que pareille délégation ministérielle composée des ministres de la Sécurité, de la Santé, de la Réconciliation nationale, des Mines et de l’Énergie se rend dans cette localité qui reste quand même le gros caillou dans le soulier du pouvoir depuis ATT jusqu’à maintenant. Et ce qui étonne à première vue, c’est l’absence du ministre de la Défense de la délégation alors que Kidal est encore sous contrôle véritable des ex-rebelles qui ont plutôt bien apprécié ce non déplacement du chef du département de la Défense. Parce qu’à chaque fois, l’on pense que Kidal n’a besoin que d’armée alors que la localité a aussi besoin de centres de santé, d’écoles, de l’eau comme les autres localités maliennes. Cette mission gouvernementale qui va séjourner pendant 48 heures devra échanger avec les forces vives. En attendant de savoir si cette sortie va répondre aux fortes attentes des partisans de la paix et d’un Mali unifié, il faut déjà se féliciter qu’après le redéploiement de l’armée recomposée le 10 février 2020, la visite de l’ancien premier ministre Boubou Cissé en mars de la même année, qu’il y ait des ministres qui s’y rendent avec la lourde tâche de parler de la réconciliation et du développement. Ce sont autant de signaux positifs qui indiquent que la ville de Kidal est en train d’effectuer son retour dans la République. Pour l’heure, l’on croise encore les doigts quand on se rappelle la mésaventure de l’autre ancien premier ministre, Moussa Mara dont la visite dans la ville s’est terminée en boudin et on a dû l’exfiltrer.

Si en novembre dernier, la transition civilo-militaire a nommé 13 officiers de l’armée pour occuper les vingt postes de gouverneurs, elle a dû maintenant se rendre compte qu’il faut surtout utiliser la carotte et le bâton pour faire la paix au Mali. L’on peut dire donc que cette mission est comme une opération de charme de la transition à dominance kaki. Ce qui est certain, tôt ou tard, il faut que Kidal rentre dans les rangs. Mais cela ne se fera qu’à force de négociations. On le sait, Kidal c’est le gros grain de sable qui bloque la mécanique des accords d’Alger.  Alors, le principal casse-tête pour l’Etat est de parvenir à étendre son pouvoir dans une zone où ce sont les rebelles qui dictent jusqu’à présent leur loi.

 Drissa Traoré

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