Un chef d’Etat qui répond du tic au tac à un citoyen dont se dégageait un brin d’énervement, ça fait forcément des vagues ! A Bobo-Dioulasso, ce vendredi 20 mai 2022, c’est ce qui est advenu, entre le président du Faso, Paul-Henri Sandaogo Damiba et un responsable d’une OSC de la ville de Sya.
Le jeune homme en question a avoué que c’est lui qui a bloqué le convoi de Barkhane à Bobo et voulait savoir la position de Damiba sur la diversification des partenaires, en clair, c’est la France ou la Russie l’allié militaire au Faso ? ce 21 mai 2022 Bourzanga lui a fourni un début de réponse.
«Osons acheter la bagarre» pour reprendre l’expression de Zoodnoma Kafando. Oui, un président ne doit pas être sanguin et doit être capable de garder son sang froid, même face à des questions-pièges ou outrecuidantes. Oui, c’est le droit du membre de l’OSC, de poser une question à son président ! Mais la question de préciser que c’est lui qui a bloqué le convoi de Barkhane était-elle nécessaire ? De même, était-il de bon aloi de préciser que son soutien au MPSR était conditionné à cette réponse ? C’est un peu prétentieux tout ça !
De même, lorsque Damiba réplique que «si vous êtes réellement fort, faites votre coup d’Etat, et gérez le pays comme vous voulez», on a senti un peu de colère sourde poindre. S’en suivront les commentaires d’une viralité inouie du genre «un militaire en arme menace un civil … un président ne devrait pas dire ça …». Sans se faire l’avocat du diable, la moutarde est montée au nez de l’enfant de Nakalbo, et même si ce n’est pas une excuse absolutoire, ça se comprend ce dérapage langagier du président-soldat: il est militaire et n’est qu’au pouvoir que 100 jours ! on peut parier que dans 1 an son discours sera policé. Mais il y a aussi des limites à être obséquieux envers un chef d’Etat. Qu’on se comprenne bien : les Burkinabè, longtemps bercés à la langue de bois et aux déclarations convenues des politiciens avaient perdu le goût du parler cash des chefs militaires ! C’est ce qui s’est passé avec Damiba lors de cet entretien avec les Forces vives à Bobo-Dioulasso.
Thomas Sankara et Blaise Compaoré à leurs débuts maniaient l’art oratoire militaire et un sens de la réplique qui remettaient à leur place les impertinents et autres persifleurs. Les mots souvent font mal et frisent parfois la menace, mais sont aussi des portes qui ouvrent des perspectives : au-delà de cet incident, il faut retenir que Damiba s’est focalisé sur l’essentiel à Bobo à savoir sauver ce pays du précipice et ne pas se laisser distraire par l’esbroufe et autres considérations. On l’attend dans 3 mois ! Mais en tant que chef d’Etat comme diraient les Ivoiriens, faut pas fâcher hein, Damiba nous s’amuser ! La satire contribue à apaiser les tensions .
La REDACTION
* Expression de Issaka Sourwema, actuel ministre des Affaires religieuses et
coutumières, alors rubricard à L’Observateur Paalga
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