Mort de Didier Ratsiraka : La Grande Île perd un  timonier éclairé

Mort de Didier Ratsiraka : La Grande Île perd un  timonier éclairé

Il était de la race des officiers putschistes qui avaient la verticalité du pouvoir comme ligne conductrice : lui c’est Didier Ratsiraka, ex-président malgache, décédé hier 28 mars 2021. Lorsque capitaine de Frégate, il accéda au pouvoir en 1975 par un pronunciamiento, il instaura un communisme  à la sauce malgache, adossé sur son livre rouge. La «Révolution socialiste malgache» était en marche. Inspirée de Cuba, dont il était proche, celui que l’on surnomma «l’Amiral rouge» eut aussi des émules tels Thomas Sankara du Burkina Faso, qui fut ses classes militaires sur la Grande Île. Ratsiraka fit vibrer ses compatriotes en «isme» : les slogans impérialisme, colonialisme … foisonnaient. Mais pas seulement, des concepts tels que les kolkhozes, il tenta de les appliquer dans l’agriculture rizicole, et bien d’autres œuvres issues de Fidel Castro.

On peut épiloguer sur l’impact de cette révolution. Désastre économique pour les uns, réussite et éveil du sentiment anticolonial, notamment par la «malgachisation de l’enseignement, c’est-à-dire l’enseignement en langue locale pour les autres, Ratsiraka, de par sa longévité au pouvoir a marqué Madagascar en 2 temps. De la période de la guerre froide, et après celle de la chute du mur de Berlin.

La période de 1975-1993, qu’on peut assimiler au temps des idéaux du tout communisme, des rêves calqués sur le Lider maximo, ce furent ceux du tout-essai, des tâtonnements et la foi inébranlable au peuple, façon de parler, puisqu’à son nom que n’a-t-on pas commis comme ignominie !

Celle de 1997-2002, ou le retour du patriarche, après avoir été emporté par des bourrasques de contestations nées des années 90. Ce fut la tentative d’un come-back manqué, car Ratsiraka, avait cru que Madagascar s’était figé dans le temps. Erreur monumentale. A sa décharge, beaucoup de ses compatriotes croyaient que le patriote qu’il fut mettrait fin à la gabegie, et au désordre installés par ses remplaçants. Las, la jeunesse malgache avait soif d’autres idéaux, d’autres rêves et ce n’est pas pour rien qu’après les Marc Ravolomanana et autre Albert Zafi, c’est un jeune DJ, qui prendra le gouvernail de Madagascar, le visage poupin, aidé par sa fortune et l’armée aussi, Andrey Rajoalina, est le prototype même du jeune dirigeant, incarné de son temps. Et si même Rajoalina, pour lequel, le défunt a eu des mots durs, il y a quelques temps reconnaît que Ratsiraka était un patriote c’est qu’il l’était. La postériorité gardera de l’illustre disparu, le souvenir d’un timonier éclairé, un dirigeant qui croyait en ce qu’il faisait il était dur, voire cassant et autoritaire, mais croyait en Madagascar. Dictateur sur les bords peut-être, mais mieux préparé à la fonction présidentielle que nombre de ses remplaçants.

Sam Chris

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