Mort des deux experts onusiens en RDC : Un an d’embrouillamini et d’impunité

Mort des deux experts onusiens en RDC : Un an d’embrouillamini et d’impunité

12 mars 2017. Deux experts de l’ONU, l’Américain Michael J Sharp et la Suédoise Zaida Catalan, rencontraient atrocement la mort, alors qu’ils venaient enquêter sur la mort de Congolais dans le Kasaï. Leurs accompagnateurs, Betu Tshintela, Isaac Kabuayi et Pascal Nzala, sont aujourd’hui toujours portés disparus.  Pour Kinshasa, le scénario est clair, limpide et il ne faut plus tergiverser sur l’identité de ceux qui les ont fait passer de vie à trépas. Il s’agit des miliciens du Kamuina Nsapu. Ce sont ces «terroristes», qui attirés par l’appât du gain, ont retenu les experts puis les ont simplement exécutés en prenant le soin de les filmer.

Pour la RD Congo, la messe est donc dite. Il faut punir les miliciens et qu’on n’en parle plus. Cependant, il y a des zones  d’ombre. Et pas des moindres. Le principal témoin du massacre des suppliciés a des liens suspects avec l’armée congolaise et les miliciens. De plus, la police et les forces armées de la RDC ont eu des réactions qui lèvent des interrogations. Pourquoi étaient-ils sur les lieux avant même l’annonce de la mort des experts ? Pourquoi tient-on mordicus à garder la thèse selon laquelle ce sont les miliciens qui ont porté le coup aux pauvres experts onusiens ? En effet, un pavé jeté dans la mare de la justice congolaise, via une enquête conjointe de RFI Et Reuters, indexe des agents de l’Etat qui auraient pris part à l’organisation de cette mission onusienne au cours de laquelle Zaïda et Sharp ont perdu la vie.

Enfin, pourquoi le procès a-t-il été ajourné depuis le 22 octobre dernier sans signe de reprise ?

Pourquoi les fadettes des appels émis et reçus brandies le 26 juillet 2017 par le lieutenant-colonel Blaise Bwamulundu, n’ont-elles pas été explorées à fond ? Pourquoi les avocats des 12 miliciens Nsapu accusés n‘ont-elles jamais eu accès à ces fadettes ?

Il est clair que l’enquête doit être reprise. Elle doit être menée avoir moins de précipitation, moins de main mise des autorités congolaises pour éviter que des preuves, des traces, des témoins, des témoignages ne soient délibérément effacés.

Surtout, le procès de Kananga doit reprendre car à ce jour ni les familles des victimes, ni l’ONU, ne savent qui a fait quoi ? Qui a tué ces deux experts ? Quels sont les commanditaires ? Qu’est-ce qu’ils auraient trouver qui leur a valu cette mise à mort ?

Du reste, aucune latitude n’est donnée aux miliciens de fourbir une quelconque défense. Ils sont atones depuis le début de cette affaire, croulant sous les accusations de la partie gouvernementale. Il serait également important de les entendre et de les écouter.

Quoi qu’il en soit, les autorités congolaises ne convainquent pas dans leurs affirmations. La balance tend plutôt à pencher du côté des miliciens. La seule façon d’effacer ce nuage d’ombre suspicieux qui plane sur leur tête est d’accepter qu’une équipe d’enquêteurs indépendants et sans coloration mène les investigations. Et qu’il y ait un vrai procès, pas une parodie de jugement à l’image par exemple de celui de Floribert Chebeya, qui fut un déni de justice. En clair, un an après ce double assassinat, c’est quasiment du surplace, on tente de noyer le poisson dans l’eau. C’est un an de clair-obscur, d’embrouillamini, de justice vermoulue, bref, d’impunité, qui n’arrange pas l’image de la RD Congo.

Ahmed BAMBARA

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