Mort du général Gaïd Salah en Algérie : Qui pour remplacer le garde-chiourme du système Boutef ?

Mort du général Gaïd Salah en Algérie : Qui pour remplacer le garde-chiourme du système Boutef ?

Se savait-il condamné ? Atteint d’un mal incurable ? Sentait-il la fin proche, sans pour autant pousser l’hallali ? La science infuse de sa finitude prochaine l’habitait-il ? En tous les cas, quelque chose semblait lui souffler à l’oreille de faire vite. De se dépêcher. Que ses jours étaient comptés.

Ce qui  expliquerait peut-être pourquoi il appuyait à  fond sur l’accélérateur du processus électoral, se mettant à dos tout une contestation nationale, pour arriver à cette élection brinquebalante. Mais élection tout de même. Avec le recul, le général Gaïd Salah semblait voir la grande Faucheuse danser, sans qu’on ne sache si c’était pour lui, qu’il esquissait ce macabre mouvement.

Depuis 1962, il veillait aux intérêts du régime de Bouteflika. Celui-ci était (et est) adossé aux godasses de bidasses. Un système fortement militarisé où les soldats occupent le centre du jeu politique, où rien de sérieux, d’important ne se fait sans leur aval implicite ou explicite. La vague contestataire n’a pu venir à bout du président grabataire que parce que le général Salah a donné un ordre bref, sec et efficace.

Il a ensuite, toujours s’adossant à cette institution très puissante en Algérie, assumé la réalité du pouvoir, sans s’en cacher. Menaçant, ordonnant et réprimant à tour de bras, l’objectif fiché et à atteindre coûte que coûte étant ce scrutin, sans passer par la formule voulue par la foule qui scandait le changement dans les rues d’Alger.

A-t-il, comme on l’accuse, préservé les pénates de l’ancien système ? La probabilité est très forte.  Il est le dernier des Mohicans, le survivant parmi les hauts gradés de la grande muette algérienne, car bon nombre de ses frères d’armes sont soit au cimetière depuis des années, soit mis à la retraite forcée par Boutef. Ou encore en prison comme les généraux Toufik et Mediene, jugés fissa, avec le frère cadet et conseiller du n°1 déchu Saïd et embastillés. Il s’était érigé en gardien du temple craquelé de son ex-mentor, qu’il a sacrifié certes sous les coups de boutoirs de cette révolution des anonymes, mais dont il aura sauvegardé le système jusqu’à son dernier souffle, envers et contre les ‘’vendredisards’’.

Au fait que feront ces deniers ce vendredi 27 décembre ? Le président Tebboune est un produit de ce système, même s’il a semble-t-il, à un moment donné, rompu les amarres. Le président en lui-même n’est peut-être qu’une pièce de la grosse machine, l’élément le plus visible, mais ne pouvant réellement marcher que si l’ensemble de la mécanique l’accepte et la reconnaît comme poursuivant le même objectif qu’elle. Les prochains actes du président algérien montreront s’il est cette pièce ou pas.

En attendant, un grand vide s’est créé dans la Tour de contrôle de la sentinelle de ce système. Et il faudra le combler. Qui sera le nouveau «maître» de céans ? On se souvient que de nombreux officiers, tant en activité qu’à la retraite, ont été envoyés sous les verrous durant la période transitoire. De sorte qu’on se demande s’il reste encore du monde pour prendre la relève.

Mais comme dit plus haut, il s’agit d’une mécanique. Elle a ses propres ressources. Elle s’auto-génère et il n’est pas exclu que l’éventualité du décès ait été déjà prévue et réglée. Il est fort à parier qu’un bourgeon a été préparé pour le remplacer pratiquement au pied levé. Il reste juste à mettre un visage, un nom et une personnalité sur la silhouette du remplaçant.

Le général Said Changriha assure l’intérim, conformément à la décision du nouveau président. Ce sera lui le successeur de Gaïd Salah ? Sera-t-il dans la même dynamique ?

Il faut savoir aussi que l’armée algérienne pourrait décider également de faire sa mue. Ce ne sont pas des extraterrestres qui la composent. Les soldats algériens sont issus du peuple algérien. Ils vivent avec lui et partagent certainement ses aspirations. Les grondements du mouvement de contestation ont certainement et assurément éclaboussé les porteurs d’armes.

Le «départ» de Salah pourrait être l’occasion pour celle-ci de se laisser imprégner par les désirs de nombre d’Algériens et faire corps avec eux. Mort, le général Gaïd laisse une béance politique et sécuritaire, car on se demande qui va le remplacer au pied levé, même si on s’en doute que si le défunt était fort, c’est qu’il avait la troupe qui serrait les fesses devant lui. Cette même troupe, acceptera-t-elle d’aller dans les casernes ? Ou y aura-t-il un autre général, qui va prendre la relève et perpétuer le système ?

Assistera-t-on à un virage en Algérie ou continuera-t-on sur le même chemin ? Les indices de réponse pourraient poindre après l’adieu au général Salah au cimetière El Alia à Alger.

 Ahmed BAMBARA

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR