Mort du juge Yanyi, 10 ans de l’assassinat de Chebeya et regain d’Ebola en RDC :  Les trois pilules amères du pays de Tshisekedi

Mort du juge Yanyi, 10 ans de l’assassinat de Chebeya et regain d’Ebola en RDC : Les trois pilules amères du pays de Tshisekedi

En République démocratique du Congo, un juge est présumé mort par empoisonnement. Raphaël Yanyi est brusquement passé de vie à trépas le 27 mai 2020. Il était le président d’un tribunal, siégeant à la prison de Makala à Kinshasa, chargé d’un procès emblématique, celui relatif au détournement de 50 millions du «Programme 100 jours du président Tshisekedi».Les premiers résultats de l’autopsie parlent d’un empoisonnement. Même s’il faut attendre les résultats complets de cette autopsie. N’empêche !

Cette révélation est plus que troublante puisque le défunt présidait le tribunal où est jugé Vital Kamerhe, le toujours directeur de cabinet du chef de l’Etat. On l’avait dit dans nos précédentes éditions. En Afrique, on meurt rarement «pour rien». On ne meurt jamais de sa maladie. Et dans le cas d’espèce de ce procès qui promet, il semblerait que le défunt est devenu tout noir, lorsque le souffle de vie l’a quitté, signe de l’effet d’un poison virulent, puisque de ses premiers malaises aux environs de 16 heures à son décès vers 1 heure du matin, il s’est passé 9 heures, le mal qui l’a emporté a été si fulgurant que la piste d’un assassinat n’est pas à écarter. Il y a donc forcément, en plus de la main du sort, parfois la main de l’Homme. Une main pas du tout innocente et parfois criminelle. Ce qui s’est passé en RDC, si cela est confirmé par l’enquête internationale qui est demandée, vient absolument apporter de l’eau au moulin de cette assertion populairement répandue.

Toutefois, il convient d’analyser froidement la situation. A qui profiterait un empoisonnement du juge qui préside un procès où est poursuivi un bonze du pouvoir en place ? La réponse la plus évidente, c’est bien à la personne qui est accusée. L’accusé donc s’accuse par son statut d’accusé. Une hypothèse éculée mais qui vaut ce qu’elle vaut ! Vital Kamerhe pourrait donc être mis à l’index par les premières suspicions et par les langues qui voient derrière toute mort, une main sorcière. Le président de l’UNC, et allié du président de la République actuellement dans le box des accusés serait-il le commanditaire de ce qui s’apparente à une élimination physique ? Attendons de voir.

Toutefois, ce serait tout de même trop facile. Pourquoi l’accusé se serait-il amusé à poser un tel acte qui l’indexerait derechef ? Ce serait faire preuve d’une très mauvaise tactique que de marquer aussi ouvertement et maladroitement contre son camp. Sans écarter totalement cette hypothèse, il conviendrait de ne pas écarter d’autres pistes tout aussi plausibles. Le juge Yanyi serait-il dans de bonnes dispositions pour rendre une décision favorable à Vital Kamerhe, expliquant une tentative de le faire donc taire à jamais afin qu’un autre qui serait plus accommodant prenne sa place ? C’est une possibilité.

A-t-on empoisonné le juge pour faire accuser l’accusé ? Histoire de la charger davantage et fermer l’éventualité qu’il ne puisse s’échapper de l’étau de la justice ? C’est une possible possibilité ? Ou alors cette histoire d’empoisonnement n’a-t-elle absolument rien à voir avec l’affaire en cours et que ce sont simplement les affaires personnellement privées du juge qui lui ont fait subir ce départ prématuré de la vie terrestre ? C’est une autre éventualité à ne pas écarter.

Quoi qu’il en soit, les investigations poussées permettront peut-être d’en savoir plus sur cette brusque disparition.

A dix ans de distance, une autre mort, non encore élucidée a été commémorée par les proches du disparu : 1er juin 2010-1er juin 2020, voilà une décennie que le porte-parole de La voix des sans voix Floribert Chebeya, perdait la vie, suite à un rendez-vous dans les locaux de la police. Un procès-bidon a bien eu lieu, où on a sanctionné des alevins, tandis que les vrais coupables courent toujours, au nombre desquels, le général Numbi. Même si le principal témoin, Paul Mwilambwe, a vu le sien s’étioler comme une fleur sous une pluie d’acide. Celui qui est présenté comme la clé USB voire la boîte noire qui contiendrait la vérité sur la mort du directeur exécutif de l’ONG Voix des sans voix pensait en effet que l’avènement de Félix Tshisekedi au pouvoir allait lui permettre de quitter son exil judiciaire au Sénégal pour rentrer dans son pays, a dû déchanter. La peau du serpent a changé, mais pas le serpent.

Dix ans de flou qui règne donc sur une affaire qui a éclaboussé la police congolaise, mais que l’actuel président de la RDC ne semble pas avoir les coudées franches pour aider à l’éclaircir. Le cas de Floribert Chebeya est symptomatique d’une justice aux ordres, et 10 ans après, sa famille, ses amis, son ONG, attendent toujours la vérité et la justice. (Et on n’oublie même l’assassinat des 2 experts onusiens le 12 mars 2017).

A quand la lumière sur la mort de Floribert Chebeya ? Il est à espérer qu’elle ne tarde pas autant que l’épidémie d’Ebola qui vient de rejaillir en RDC. En effet, en plus de ces 2 dossiers patates chaudes s’il en est et la myriade de rébellions aux frontières de la RD Congo ne voilà-t-il pas que Ebola réapparait, et repose la problématique sanitaire dans ce pays aux 6 fuseaux horaires. Triple pilules donc pour la RDC. Trop même pour un pays-continent !

Ahmed BAMBARA

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