Mutinerie de Wagner en Russie, vue d’Afrique : Quand la bouche mord la main qui la nourrit…

Mutinerie de Wagner en Russie, vue d’Afrique : Quand la bouche mord la main qui la nourrit…

Ce samedi 24 juin, Vladimir Poutine a cru rêver : sa «Fabrication» celui qu’on nomme trivialement son «cuisinier» Evgueni Prigojine et ses walkyries ont décidé de marcher sur Moscou. De Rostov (400 kilomètres de la capitale) ils voulaient en découdre avec le QG du commandement de l’armée russe. Les raisons de ce coup de sang sont que Moscou ne livre pas assez de munitions aux paramilitaires, mais surtout un décret était en gestation pour dissoudre Wagner le 1er juillet prochain et intégrer ses éléments dans l’armée régulière. Ce qui n’était pas du goût de Prigojine qui a initié cette «tentative de coup d’Etat» plutôt ce coup de sang pour montrer sa capacité de nuisance.

Rapidement, le président biélorusse, Alexandre Loukachenko (sur instigation sans doute de Poutine qui ne voulait pas de contact avec Prigojine) a joué au médiateur et ce dernier et ses hommes ont rebroussé chemin, non sans aussi accepté lui Prigojine, d’aller demeurer quelques temps en Biélorusse. Après 24 heures de rébellion donc, les 25 000 hommes de Wagner font «demi-tour» vers Veronej. Pénalement dit-on, Progojine ne sera pas inquiété, ni ses combattants.

Néanmoins, cette équipée écorne l’aura de Poutine, et on ne sait pas la suite de cette affaire, car nul n’ignore que le parton de Wagner doit tout au tsar moderne russe.

Aujourd’hui, lundi 26 juin, le Maître du Kremlin d’ailleurs a convoqué le patron des armées Valeri Vassilievitch Guerassimov pour en savoir davantage pour ne pas dire plus. L’affaire est suffisamment gravissime même si d’aucuns estiment qu’elle pourrait avoir été montée de toute pièce au milieu de cette guerre Russie-Ukraine. A quel dessein ? En tout cas, en Afrique, on dira que c’est la bouche qui veut mordre la main qui la nourrit ! Prigojine s’est fâché contre Poutine et l’a manifesté bruyamment en remettant même publiquement en cause les raisons de «l’opération spéciale» c’est-à-dire la guerre en Ukraine. Quelle réaction du partisan de la verticalité du pouvoir ?

Vue d’Afrique, cette bravade de Wagner envers Poutine interroge, car c’est quasiment un sacrilège et questionne sur la capacité de Moscou à tenir «ses» paramilitaires alors qu’ils sont au Mali et en Centrafrique. En défiant ainsi Poutine, les Africains deviennent encore plus circonspects sur la  capacité de ces supplétifs militaires à aider à lutter contre le terrorisme au Mali et les rebelles en RCA. Car si Wagner fait tellement couler beaucoup d’encre et de salive, et se place comme un maillon dans l’échiquier de la SOFTPOWER Russie-Occident au Sahel, c’est parce que ces walkyries boivent à la source du Kremlin. Avec ce couac public, l’Afrique sait que le seul interlocuteur reste Poutine, mais doit se convaincre que même avec ça, le plus fort ne le reste jamais pour l’éternité. Il suffit d’un grain de sable pour que la donne change. Une leçon très répandue sous les chaudes tropiques.

En outre, à l’heure où la Russafrique connaît un réchauffement exponentiel et à l’approche du sommet entre le continent et le pays de Staline,  «ce coup d’Etat avorté», ou grand bluff de Prigojine c’est selon ne manquera pas de susciter dans l’imaginaire des Africains, sur le système Poutine jugé jusque-là quasi-infaillible, vu que la présente guerre qu’il mène contre l’Ukraine, a mis en exergue les qualités d’un stratège, et d’un homme d’Etat de très haut vol. Prigojine a-t-il provoqué une brèche dans cette cuirasse poutinienne ? 

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