La diaspora africaine a eu rendez-vous hier 11 juillet avec le président Emmanuel Macron à Paris et son homologue du Ghana Akufo-Addo. 400 personne triées sur le volet, mais assez représentatives de cette diaspora du continent ont échangé avec les 2 présidents.
Encore une autre continuation de cette politique africaine de la macronie décomplexée, sans tabou. Et puisque celui qui chante l’indépendance réelle de l’Afrique a accepté y aller, en l’occurrence Nana Akufo-Addo, président du Ghana, c’est qu’il faille mieux regarder la lune plutôt que le doigt qui se tend vers elle. Parfois et généralement, le contenant est moins nécessaire que le contenu. C’est une sorte de 3e mi-temps du discours de Macron à Ouaga le 28 novembre 2017 et son petit arrêt à Accra sur la route de retour. Il y a deux ans, le locataire de l’Elysée avait, devant 800 étudiants burkinabè qui voulaient en découdre avec la Francafrique, Macron avait fait un discours dont la lecture en creux fait ressortir une politique française de l’Afrique sans… politique.
Au Ghana, il avait souligné que la France n’avait plus de précarré privilégié et qu’elle fera partenariat avec tout le monde y compris chez les Anglo-Saxons, tel le Ghana. Le direct rule est-il soluble dans l’indirect rule ? Emmanuel Macron le pense. Il avait trouvé une oreille attentive chez Nana Akufo-Addo, francophile et parlant français.
C’est bien la première fois que le président ghanéen pose les pieds en France, du moins officiellement en tant que président de la République, et qu’il y rencontre son homologue français. Et il a fallu cette rencontre avec 400 personnalités de la diaspora africaine pour le voir à l’Elysée. Et comme d’habitude, le chef d’Etat du pays en passe d’être parmi les champions de l’alternance et de la démocratie sur le continent africain, a tenu à imposer ses marques.
D’abord, les échanges à Paris se déroulent quasiment en anglais. Une autre marque de l’émancipation de ce président qui a su se passer de l’aide du Fonds monétaire international (FMI) et a décidé de se lancer dans la transformation de son cacao qu’il estime être acheté pas très cher par les grandes firmes du cacao. Même tonalité de discours chez ces 2 personnalités, à l’heure de l’avènement de la ZLEC, surtout avec un Ghana qui table selon la Banque mondiale sur un taux de croissance de 7% les 2 prochaines années et qui possède l’un des marchés les plus solides et florissants du continent.
Le message est bien compris de l’Hexagone, qui, à l’évidence, tente de négocier une nouvelle position au sein de cette Afrique parcourue de plus en plus par des courants de pensée qui ne lui sont pas très favorables. C’est ainsi qu’il a embouché la même trompette que son homologue pour dévoiler les avantages que le Nigeria prenne le large sur le plan économique, social et sécuritaire afin d’entraîner le reste du continent dans son sillage.
Mais il faudra aller au-delà des discours et des foras avec des actes lus concrets sur le terrain. Dessiner les contours d’une politique de l’immigration beaucoup plus adaptée aux exigences du continent, réfléchir à trouver une alternative digne à la question des sans-papiers et creuser encore plus profondément le vernis de la relation entre la France et l’Afrique, qui ne se veut plus paternaliste dans les dires mais se comporte autrement dans les faits.
Eviter de tendre la sébile, stopper les nouveaux Boat-People qui cinglent l’océan sur des rafiots de mort, ou qui traversent le désert sous la conduite de passeurs-assassins, fixer les jeunes dans leur terroir et faire revenir cette diaspora pour investir en Afrique. A l’évidence, l’Afrique self made man via sa diaspora tient à cœur à ces 2 chefs d’Etat surtout Macron. Mais, il y a loin, ce vœu aux réalités qui butent sur des malgouvernances rédhibitoires et des dirigeants incompétents et gloutons.
Ahmed BAMBARA
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