Naufrage collectif des Etalons à Maradi : Le colonel Sangaré et Dargani nous doivent des explications

Naufrage collectif des Etalons à Maradi : Le colonel Sangaré et Dargani nous doivent des explications

A défaut de ramener l’or, l’argent ou le bronze au Burkina, la sélection nationale juniors avait pour mission d’arracher l’un des quatre tickets qui donne droit au mondial juniors. Hélas, elle est rentrée bredouille, après s’être complètement désagrégée devant les Lionceaux du Sénégal. Un cinglant 5 buts à 1, qui lui confère un bilan de 0 point, 8 buts encaissés, 1 de marqué. Un tel naufrage mérite une explication de la part du patron du football burkinabè et de son sélectionneur.

Battus d’entrée par le Ghana lors de la première journée (2 à 0), puis par le Mali (1 à 0) pour le compte de la deuxième journée, les poulains du sélectionneur Séraphin Dargani n’avaient aucun espoir de disputer les demi-finales. Du coup, le rêve d’une Coupe du monde trouvait sa tombe à Maradi où gisent désormais les juniors burkinabè, bon dernier de cette 21e CAN junior avec 0 point au compteur.

Ainsi donc, c’est sur 5 coups de griffes gentiment portés par les Lionceaux sénégalais, que l’aventure douloureuse prend fin pour les Etalons U20 à Maradi. Très en-dessous de ce que l’on pouvait attendre d’elle, c’est une formation des Etalons qui a eu du mal à enchainer les matchs. Des joueurs comme Djibril Ouattara où Fessal Tapsoba sur lesquels se reposait l’espoir offensif burkinabè, n’ont réussi qu’à lézarder le jeu, sur un fond de mauvaises inspirations. Déplorable. Même si l’équipe n’était pas présentée comme favorite, elle était attendue comme une surprise possible, capable de donner du fil à retordre aux différents prétendants, et non celle qui distribuerait gracieusement des points par unité de 3 à ses adversaires. Une situation qui résume tout le mal technique et tactique qui a rongé la sélection junior burkinabè durant les trois (03) matches de poules.

Absents dans les duels, noyer dans le rythme du jeu lors de chaque match disputé, les joueurs burkinabè ont très rarement donné du relief à leur football pendant cette CAN, dont le maitre à penser Séraphin Dargani, a visiblement choisi de ne pas renouveler sa confiance à des jeunes qui ont pourtant contribué à qualifier l’équipe et prouver leurs qualités. En se fiant à une légion étrangère dont le niveau de certains n’a rien à envier aux locataires du championnat domestique, Séraphin Dargani qui semble avoir privilégié l’exploit individuel à la force collective, a manqué son pari dans un vestiaire qui n’était exempte d’égos. Selon certaines indiscrétions, certains joueurs évoluant hors du pays n’ont pas vraiment dissimulé leur complexe de supérieurs, par rapport à leurs coéquipiers évoluant au niveau local. De toute évidence, ce fait n’était pas pour mutualiser les efforts sur la pelouse.

Les Etalons ont donc été éliminés dès le premier tour de la Coupe d’Afrique des Nations, au terme de 3 matchs sans grand relief, mais ô ! Combien promise à enjeu par le public sportif burkinabè. Des forces certes qui les ont longtemps portés au pinacle (surtout durant les éliminatoires), mais aussi des faiblesses, jusque-là, insoupçonnées, au point que le rêve se soit envolé dès la deuxième sortie à Maradi.

Séraphin Dargani en bonnet d’âne

En ces moments de forte désillusion, les yeux se tournent évidemment vers l’encadrement technique, et son patron dont la légitimité est évidemment remise en cause. Alors que lui et ses garçons avaient réaffirmé leur volonté de ravir (au pire des cas) l’une des 4 places qualificatives pour le mondial, force est de constater qu’on n’a pas retrouvé cette image de cohésion et de combativité qui a caractérisé l’équipe lors des éliminatoires. L’état d’esprit qui lui avait permis de se surpasser et de se qualifier face à la Libye et au Gabon a fondu, alors que durant cette étape des éliminatoires, les Etalons ont donné l’impression que l’on expérimentait une équipe en gestation, qui allait mettre Niger 2019 à ses pieds, et rappeler de bons souvenirs aux Burkinabè. Hélas !

Porté à la tête de l’encadrement technique depuis plus de deux (2) ans, Séraphin Dargani a montré des limites dans ses choix tactiques et dans la construction du jeu d’équipe. Bien d’indices laissaient clairement voir qu’il ne maitrisait pas son groupe. C’est à se demander où est passé le Dargani qui avait réussi à imprimer un mental de guerrier à la sélection junior, et qui aurait pu conserver un groupe capable de durer dans le temps.

Dépourvu de créativité et d’efficacité offensive, Dargani a également étalé son impuissance dans la flexibilité tactique devant l’adversité. Face au Mali, alors que seule la victoire permettait aux Etalons de rester en vie, le technicien burkinabè a proposé une équipe à contre-courant qui annihilait son efficacité, malgré la volonté apparente de certains joueurs, trop seuls pour faire la différence.

Au-delà de l’élimination précoce, c’est le niveau réel de l’équipe alignée par Dargani qui estomaque plus d’un. En aucun moment, Dargani n’a réussi à élever son niveau tactique et à prendre le match à son compte de façon à offrir une prestation cohérente sur la base de ses aspirations. Ce fut un échec, tant au niveau tactique qu’au plan de l’implication et de la motivation réelle du staff technique burkinabè.

Si tel est le contenu de l’antichambre du football burkinabè, on peut se faire du mauvais sang. Ce n’est pas demain qu’on remplacera les Bakary Koné, Jonathan Pitroipa et autres Steeve Yago. Fort heureusement, le rendement qui nous a été servi à Maradi n’est pas le reflet du football burkinabè, mais plutôt la face hideuse d’un football coté cours, empêtré dans un balbutiement où s’entremêlent amitié et opportunisme. Cela s’aperçoit d’ailleurs dans la communication des uns et des autres, qui frise parfois l’irresponsabilité. Pendant que le sélectionneur semble regretter une certaine immixtion, le président de la fédération parait dénoncer les deals récurrents qui minent nos sélections nationales. Quoi qu’il en soit, après un tel vertige infligé aux Burkinabè, le colonel Sita Sangaré et Séraphin Dargani doivent se mettre à table, ne serait-ce que par devoir de redevabilité.

Hamed JUNIOR

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