Négociations CEDEAO-M5-RFP au Mali : Une feuille de route paradoxale, jurant avec la Constitution

Négociations CEDEAO-M5-RFP au Mali : Une feuille de route paradoxale, jurant avec la Constitution

Rien n’est encore joué au Mali. Les partisans du M5-RFP n’en démordent pas sur leurs revendications originelles. Leurs leaders multiplient les sorties à travers déclarations et conférences de presse, à l’instar d’un Moungtanga Tall, Choguel Maïga, et même le radical Mariko, qui se la joue assez discret. La tête d’IBK est toujours sur le billot du M5-RFP.

Soit ! Cependant avec l’arrivée de la cavalerie de la CEDEAO, on aura constaté une inflexion de la part de ceux qui sont vent debout contre la gouvernance IBK et qui exigent qu’il descende de la colline de Koulouba. Inflexion, mais pas abdication ! Bien avant, la venue du Monsieur-bons-offices de l’organisation sous-régionale, Goodluck Jonathan, le chef de l’Etat contesté a dissous la Cour constitutionnelle, ou ce qu’il en restait, son fils Karim un des reprouvés du M5-RFP a également démissionné de son poste de président de la commission Défense, de l’Assemblée nationale, mais toutes ces gages de bonne volonté pour faire descendre un mercure politico-social au pinacle n’avaient pas produit l’effet escompté, puisque les manifestants projetaient de rempiler le 17 juillet dernier par des manifestations protéiformes, parmi lesquelles des hommages à la dizaine de victimes tuées par balles par les forces de l’ordre, les 10, 11, 12 et 13 juillet.

Une CEDEAO qui a aussi accouché de 3 propositions qui vont de la naissance d’une nouvelle Cour constitutionnelle à l’avènement d’un gouvernement à quotas (50%) pour le pouvoir, 30% pour l’opposition et 20% pour la société civile et le maintien du président IBK.

Une feuille de route paradoxale car jurant même avec ce que la CEDEAO a édicté à l’alinéa 8 de son communiqué final (lire ledit communiqué in extenso page 7). Lequel alinéa, dit qu’il ne saurait y avoir changement en dehors de la … Loi fondamentale.

Que vaut un gouvernement au prorata ?

Comment donner force de loi à des recommandations alors qu’il n’y a plus de Cour constitutionnelle ?

Il n’y a pas non plus eu d’accord politique, vu le refus du M5-RFP.

En vérité, la paralysie des négociations a emmené la CEDEAO à éluder les questions de fond mais sans moyen de coération, et avec un M5-RFP engoncé dans ses exigences, la CEDEAO ne peut que s’en tenir aux dites recommandations. En attendant un pourrissement davantage de la situation pour que le syndicat des chefs d’Etat de la CEDEAO, daigne enfin bouger.

Les missi dominici de la CEDEAO, ont peut-être soulevé de vrais problèmes, puis le soufflet est retombé, face à l’autisme du M5-RFP.

Cette mission de médiation de Bamako, rappelle étrangement celle de Ouaga en septembre 2015, lors du putsch du général Gilbert Diendéré. A l’époque, les émissaires de la CEDEAO s’étaient fourvoyés, mal renseignés sans doute sur la situation réelle, et avaient échoué, puisque le mouvement anti-coup d’Etat avait prospéré jusqu’à l’abandon des putschistes.

Au Mali, si la problématique de la crise a été cernée, les solutions proposées sont aux antipodes de la Constitution, et butent sur le déni du M5-RFP. Autant dire que si l’homme à l’éternel Stetson vissé sur la tête, a maîtrisé son sujet, sa résolution est passée à côté, et le fait même que jusqu’à hier 19 juillet, dans la soirée, ces médiateurs étaient toujours à Bamako, tentant un ultime baroud d’honneur, c’est qu’ils savent qu’ils n’ont pas fait mouche. Le Mali ou encore la mise à nue de l’indigence de nos institutions régionales ?

 Sam Chris

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