Nigéria : De «Bring back our girls» à “Bring them back alive”

Nigéria : De «Bring back our girls» à “Bring them back alive”

Les autorités nigérianes doivent certainement se trouver dans l’embarras. Les voix éplorées des parents des filles de Chibok enlevées par Boko Haram et qui ne sont pas encore rentrées au bercail commencent à devenir assourdissantes, lancinantes et culpabilisantes. Et il y a de quoi.

Il y a quatre ans, 276 jeunes filles disparaissaient de leur collège. Enlevées par les sbires de la secte à Sekau. Quatre ans plus tard, certaines sont rentrées, mais une centaine ne répond toujours pas à l’appel de leurs parents. Les commémorations ne sont pas des deuils mais les lamentations y ressemblent fortement, creusant davantage le nid de la douleur dans le cœur de ces populations en peine. Puis il y a eu les rapts de Dapchi tout dernièrement.

Pour ne rien arranger, le gouvernement reste muet comme une carpe sur la libération ou non de ces filles. Mais les parents sont passés à une autre étape. Le «Bring back our girls» a fait place à une autre complainte, traduisant sans doute les inquiétudes, trahissant les craintes inavouées sur l’épilogue de cet enlèvement sur leurs filles. Ils demandent en effet que leurs enfants donnent des signes qu’elles sont toujours vivantes. En d’autres termes, il faudra que le gouvernement  donne des gages que ces filles respirent toujours l’air du Nigéria. Dans tout Etat qui se respecte, la sécurité des citoyens, surtout à l’endroit de celles qui sont l’avenir de la Nation reste une prérogative essentiellement étatique. A l’évidence, il y a faillite en l’espèce. Il faut donc rassurer davantage les parents sur cette ténébreuse affaire.

Il y a de quoi en effet se poser des questions. Les bruits courent que certaines ont perdu la vie dans les combats menés par l’armée nigériane. En effet, lorsqu’un QG de Boko Haram est pris, quelle garantie y a-t-il qu’elles ne sont pas utilisées comme de la chair à canon ? Il est aussi fort à parier que la force d’embrigadement de Boko Haram ait agi sur ces filles, leur fermant définitivement le chemin du retour, avec le voile du fanatisme.

Enfin, il est possible qu’elles soient toujours vivantes. Mais peut-être pour ne pas gêner les négociations entamées avec le groupe terroriste, le gouvernement préfère raser les murs. A plusieurs reprises, le président Muhamudu Buhari a décrété la fin de Boko Haram. Apparemment, il n’en est rien, et ces «missing» constituent un petit caillou dans ses souliers, surtout qu’il a annoncé qu’il veut un second bail. Il lui faudra alors, résoudre ce problème lancinant fissa, au risque de perdre de grandes électrices. Et ces dernières veulent voir leurs chérubines, mais pas en photo, avant de regarder vers les urnes.

Dans tous les cas, les parents des filles ont besoin de gages, de garanties et de manifestations de vie des otages. Le président Buhari doit réagir. Promesse de campagne oblige !

Ahmed BAMBARA

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