Il est enfin né par voie basse le gouvernement congolais. Et un bébé en forme en plus. C’est une équipe gouvernementale gigantesque à l’image du pays-Continent qu’elle est censée diriger qui a été dévoilée hier 12 avril 2021 : 57 strapontins avec pas moins de 4 vice-premiers ministres, 9 ministres d’Etat, 31 ministres, un ministre délégué et 10 vice-ministres. Après les chambres haute et basse, Felix Tshisekedi dispose maintenant d’un Exécutif acquis à lui car la quasi-totalité des titulaires de portefeuilles sont Tshisekedistes. La coalition CASH a vécu place à l’ère de l’Union sacrée. L’Informateur devenu président du sénat Modeste Bahati Lukwebo a bien fait son job.
En effet, si près de 80% des membres de ce gouvernement sont présentés comme des «Bleus» c’est-à-dire à leur premier poste de ministre, des vieux briscards de la politique congolaise restent avec 20% de représentativité. Voici Tshisekedi dans son vrai costume de président de la République. Méthodiquement et inéluctablement, il s’est dépêtré des dédales kabilistes, a mis fin au deal politique ou plutôt au boulet qu’il trainait depuis janvier 2019. Désormais , il a tous les leviers du pouvoir pour s’attaquer aux gros chantiers comme la fin des guerres dans les différents coins et recoins de la RD Congo, poursuivre la gratuité de l’éducation, résoudre la problématique sanitaire et surtout recoller le tissu social congolais décousu par des décennies de politique divisionniste, belliqueuse et exclusive. Bref paix et développement sont les deux (2) travaux d’hercule de Felix Tshisekedi, à présent qu’il a son gouvernement à lui.
Préparer 2023 : même si nul ne l’évoque toit ce remue-ménage politique pour mettre sur la touche Joseph Kabila et sa galaxie n’a qu’un seul objectif : la présidentielle de 2023 en ligne de mire. Piégé par Kabila qui voulait revenir dans les deux années, après avoir voulu faire faire le sale boulot par Tshisekedi, tel est pris qui croyait prendre. Le fils du sphinx de Limété a retourné la situation en sa faveur et le voilà de facto, candidat à cette présidentielle.
Attention tout de même, ce gouvernement signe le retour de Moïse Katumbi et Jean –Pierre Bemba, dont chacun a son vice-premier ministre dans l’équipe, et si les mastodontes politiques du fleuve Congo jouent actuellement les alliés de Félix Tshisekedi, rien, absolument rien ne dit qu’en 2023, ils n’auront pas la tentation présidentielle. La Coalition Lamuka se retrouve un peu sans Fayulu qui rumine toujours sa défaite, mais 2023 est un grand point d’interrogation plutôt qu’un point d’exclamation. Encore que d’ici là, Tshisekedi, Katumbi et Bemba peuvent bien trouver un gentleman agreement pour essayer de garder le pouvoir avec eux. Car qui sait ce que Kabila, préparera pour la réplique ? Dans ce pays à la végétation luxuriante tout est souvent dissimulé !
Davy Richard SEKONE
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