Nouveau gouvernement, l’armée, ‘’ligne rouge’’ en Algérie… : Rien n’est encore réglé !

Nouveau gouvernement, l’armée, ‘’ligne rouge’’ en Algérie… : Rien n’est encore réglé !

Alors que la rue est toujours gonflée à bloc par le «dégagisme», alors qu’une équipe gouvernementale de 27 membres est nommée, et que le vice-premier ministre Ramtane Lamamra s’en va, alors que les rats continuent à quitter le navire du pouvoir, comme l’ex-patron des patrons, Ali Hadad, arrêté à la frontière tunisienne, alors que le FLN a encore donné de la voix, pour la démission de Bouteflika, alors que les fuites de capitaux réelles ou fantasmées circulent, l’armée n’en démord pas : Boutef doit partir, condition sine qua non du sauvetage de l’Algérie.

En effet, en dépit du doute qui semble habiter les Algériens dont c’est la 6e semaine de manifestations, le général Gaïd Salah Mohamed, a répété mutatis mutandis ce qu’il avait affirmé le 26 mars dernier :

Il faut déclarer Abdelaziz Bouteflika «inapte», passer à la phase de transition et organiser des élections dans les 90 jours à venir. Bref, selon le tout-puissant chef d’état-major de l’armée nationale populaire (ANP) et vice-ministre de la défense, seule une constatation de l’impotence de Bouteflika, et sa mise à l’écart demeurent la solution à la situation de l’Algérie.

Et comme la répétition est pédagogique, le général Salah a redit ce 30 mars, ce qu’il avait laissé entendre 4 jours plutôt : l’article 102 de la Loi fondamentale algérienne est le seul remède pour dépêtrer le pays de la gadoue politique actuelle. C’est la seule garantie constitutionnelle pour conjurer le chaos, même si le général s’est exprimé encore en des termes plus souples. Et c’est encore à peine à mots couverts qu’il a insisté sur cette posture de l’armée qui est non-négociable, puisqu’«immuable».

Claire pourtant, a été également sa mise en garde contre les pêcheurs en eaux troubles, tous ceux qui grenouillent via des «campagnes médiatiques virulentes et «un plan» pour décrédibiliser l’armée en faisant croire que les Algériens ne veulent pas de l’article 102». Venant du général Salah, et relativement à ce «complot», il sait de quoi il parle puisque du haut de son poste, et ce depuis 2013, il est le patron de la Direction centrale de la sécurité et de l’armée (DCSA), de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) et du centre de la communication et de documentation (CCD), trois structures, que Boutef a retiré des mains d’autres généraux pour les rattacher à l’état-major de l’armée, que régente Salah. Stop semble marteler le général Salah qui a signifié, que «l’armée est la ligne rouge à ne pas franchir».

Cette mise en garde du général, il ne faut pas la prendre à la légère, car depuis longtemps, à commencer par le 26 mars dernier, en lieu et place de son message appelant à appliquer l’article 102, il aurait pu se fendre d’un pronunciamiento, quitte à ce que tout se complique après. C’est dire qu’avec ce puissant gradé de l’ANP, on a affaire à un militaire démocrate, qui ne veut pas d’un bégaiement de l’histoire en Algérie, qui ne veut pas être le Boumediene, version 2019 du pays.

Mais attention, il ne faut pas pousser un homme à bout, a fortiori un général, il ne faut pas jouer avec les nerfs et les convictions de Salah parce que quand un chef est acculé au mur, il se fait soit bête, soit méchant. Dans les 2 cas, l’Algérie risque de payer un lourd tribut, car beaucoup d’Algériens emportés par la fougue, dans cette révolution joyeuse oublient qu’il y a 2 perspectives : la sortie par une transition réussie ou le chaos. A l’évidence, le général Salah opte pour le premier. Mais est-il compris et le croit-on ?

En attendant, que peut-on attendre de ce gouvernement de défis, avec quelques technocrates certes, mais aussi de vieilles figures ? Et comment interpréter le départ du consensuel Ramtane Lamamra, alors que l’ombrageux Nourreddine Bedoui reste et dirigera ce gouvernement ? On a beau vouloir être optimiste, rien n’est encore réglé en Algérie . UNE

Sam Chris

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