Nouvelles épousailles Ouaga-Pékin : Attention aux revers de la Chinafrique

Nouvelles épousailles Ouaga-Pékin : Attention aux revers de la Chinafrique

Ce samedi 26 mai, 24 heures après avoir coupé les ponts avec l’île de Formose, le Burkina Faso a concrétisé la reprise de ses relations avec la grande Chine. L’image est historique : les chefs des diplomaties des deux pays, Alpha Barry du Burkina avec son homologue Wang Yi, signant le document rendant officiel ce réchauffement diplomatique et économique, entre les deux fleuves (Kadiogo et Yang-Tsé), après 24 ans de dégel …

Il faut dire que le président Roch Kaboré a rondement mené ce rétablissement et a mûrement cogité avant de se tourner de nouveau vers Pékin. Tout a été ficelé et c’est au pied levé que la Chine continentale reprendra tous les projets que Taïwan laissera en souffrance : énergie, logement, éducation, chemin de fer Cotonou-Abidjan, pourquoi pas le vieux projet Tambao, et lutte contre le terrorisme, etc., tels sont les secteurs-clés visés par ces nouvelles épousailles de raison qui se déroulent sous de bonnes auspices avec la réalisation promise dans la foulée d’un hôpital à Bobo-Dioulasso. Une nouvelle idylle dont le summum sera couronné en septembre prochain par un accord-cadre que parapheront Roch Kaboré et Xi Jiping. Ce n’est pas rien pour un début de mariage. En dotant la capitale économique d’une telle infrastructure sanitaire, la Chine marque déjà un grand point, et ôtera une grosse épie au pied du pays des hommes intègres. La santé, a toujours été le ventre-mou du Burkina et les hôpitaux-mouroirs de Yalgado et Souro Sanou, ont besoin de remplacement. Si  par exemple l’hôpital de Koudougou, œuvre des Taïwanais était un exemple, le Burkina manque de grandes unités sanitaires. On ne cessera jamais de répéter, c’est une grande victoire diplomatique du pays de Mao Zedong et marque l’avancée inéluctable de la Chinafrique sur le continent. En l’espace d’un demi-siècle, la Chine s’est positionnée en Afrique comme nulle part ailleurs, surtout vis-à-vis des Occidentaux. La Chine a compris que le continent noir suscite l’intérêt de nombreux pays émergents malgré la laideur politique et économique qui lui colle à la peau. En cinglant désormais sur le fleuve yang-Tsé, le Burkina fait partie des pays africains, où la Chine continentale, investira sans se préoccuper de certains facteurs tels démocratie, droits de l’homme, liberté d’opinion ou aspects politiques. «Qu’importe la couleur du chat pourvu qu’il attrape des souris», affirmait le grand timonier Mao. On peut accuser le Burkina de jouer au mouton de panurge, mais à la réalité, deux choses semblent avoir guidé cette option :

– Taïwan avait repris pied au Burkina en 1994 grâce à Blaise Compaoré qui n’avait pas digéré que la Chine continentale rouspète au sujet de l’assassinat de Thomas Sankara. Après la Chine de Blaise, il était judicieux de revoir si les fruits tiennent toujours la promesse des fleurs. Roch a-t-il voulu, lui aussi  tiré d’un trait de plume une relation qui portait la gifle d’un homme : Blaise ? C’est connu, les pays n’ont pas d’amis mais des intérêts.

– On est aussi à l’orée d’une présidentielle, celle de 2020, et même si cet agenda n’est pas officiellement écrit dans cette nouvelle coopération, il n’est pas idiot de penser qu’il est plausible que la Chine, daigne financer la campagne du pouvoir burkinabè en place. Attention cependant aux revers de la Chinafrique qui ont pour noms : surendettement à tue-tête,  livraison des productions futures du Burkina à la Chine, bref d’un débordement à droite car vu le contexte dans lequel intervient ce mariage,  un contexte économique exsangue, il est évident que le rapport de coopération sera déséquilibré. Les Chinois donnent sans tenir compte de l’orthodoxie des institutions de Bretton Woods, mais les intérêts à payer sont souvent désastreux.

Les Chinois sont envahissants : les Ouagalais seront-ils réceptifs à ce que tout Zaabrédaaga, katreyaar, 10 yaar, toutes les grandes artères commerciales et même le grand marché Rood Woko soient la «propriété de Chinois» ?

Imagine-t-on 10 mille voire plus de vendeuses chinoises de ‘’Bourmaasa’’ et ‘’Samsa’’, ces galettes locales à Ouaga ? Le Cameroun est aujourd’hui un exemple de cette «invasion chinoise» même si ses habitants s’en sortent avec le système D. C’est pourquoi, le Burkina devra, les politiques surtout, voir bien le fruit mais ne pas ignorer le piège sous-jacent. Enfin, voici le Burkina qui servira de énième laboratoire à cette Chinafrique. Mais comme le dit Zéphirin Diabré, il faudra, faire comme les nations développées, que les deux pays soient présents dans la Chine continentale et insulaire et à titre économique dans le second.

Sam Chris

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