* Littéralement soyons stoïciens en langue mooré
Dans son speech du 10 décembre 2023, le capitaine-président Ibrahim Traoré avait prévenu les Burkinabè : 2024 ne sera pas une année de farniente économique et financière. La guerre contre le terrorisme, quoique progressant a besoin d’être toujours soutenue. Encore des privations, sacrifices et grincements de dents pour chaque patriote ! Car il faudra encore cotiser pour cette guerre.
Ce 5 janvier 2024, le 1er Conseil des ministres de la nouvelle année a pris des mesures dans ce sens avec les prélèvements suivants :
1% des salaires pour le public et le privé ;
25% sur les primes des départements ministériels ;
2% de taxe sur les bénéfices nets des entreprises ;
5% de retenue sur les émoluments des ministres.
Ainsi donc, le gouvernement va encore ponctionner et dans le public et dans le privé. Dans la Fonction publique, chacun adhère à cette privation. Mais ce serrage de ceinture sera très dur, car, déjà les salaires restent en-deçà de la satisfaction des dépenses incompressibles telles que le loyer, la scolarité des enfants, la bouffe, l’électricité, l’eau, l’essence, la santé…Les «ministres-sacs-à-dos» raquent 5%, mais un ministre reste toujours un grand privilégié!
Du fait de l’absence de classe moyenne au Faso, le quotidien des Burkinabè en temps de paix était déjà rafistolé, a fortiori, en temps de guerre avec ces retenues.
Et comme l’a expliqué le grand argentier Aboubakar Nacanabo, si 2023 fut celle de l’apport des consommateurs au Fonds de soutien patriotique (FSP), 2024 sera celle des entreprises avec les 2% de taxe. Pour le public, l’Etat n’étant jamais en faillite, les salaires tomberont sans doute, même avec des levées de fonds et autres emprunts. Pour le privé, 2, 3, 4, 5 mois d’arrierés de salaires et des mises en demeure…c’est intenable.
Le problème concerne aussi la soutenabilité de ces mesures fiscales au plan macroéconomique ! Pour un salarié pris individuellement, 1% paraît modeste comme contribution. Mais, chaque travailleur devra opérer des ajustements sur sa consommation et ses habitudes qui peuvent se traduire par une contraction de la demande globale et donc moins de revenus pour des Entreprises appauvries et très endettées (EATT). Déjà que l’Etat est mauvais payeur, voire très mauvais payeur, ce sera très corsé pour des pans de l’économie. Des Burkinabè s’interrogent également sur la sincérité de certains acteurs. Ces derniers s’opposaient à ces mesures sous le régime démocratique de Roch. Aujourd’hui, ils en sont les chantres, alors que l’objectif de lutte contre l’hydre terroriste reste le même, avec la même armée. D’aucuns repondront qu’il y a plus de resultats maintenant. C’est dire donc que la communication va jouer un rôle majeur sur le terrain du civisme fiscal.
Peut-être qu’il faudra aussi prendre des mesures en amont pour soulager ces sociétés qui ont participé à ces écots. Et les Burkinabè s’interrogent également sur toutes ces ponctions en taxes, dont la date d’expiration n’est pas mentionnée ! A moins que cela ne signifie que c’est valable jusqu’à la fin du terrorisme !
On se souviendra que l’IUTS avait été institué à titre provisoire sous la garangose (un grand ministre de l’Economie de ce pays) pour équilibrer le Budget de l’Etat, l’IUTS est toujours prélevé ! Sans doute, le gouvernement est-il conscient de tous ces sacrifices imposés, mais IB semble dire aux Burkinabè : «Tongui-Toogo» littéralement en langue mooré : Restez stoïques, c’est la résilience ! Une maxime que ne désavoueront pas Diogène le Cynique, Sénéque ou Marc-Aurèle !
Zowenmanogo Dieudonné ZOUNGRANA
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