Obsèques de Jacques Chirac – Montparnasse comme Colombey-les-Deux-Eglises : l’Afrique n’oublie pas le «dialogue des cultures»

Obsèques de Jacques Chirac – Montparnasse comme Colombey-les-Deux-Eglises : l’Afrique n’oublie pas le «dialogue des cultures»

Soudain, les Français se retrouvent presque tous en l’homme chez qui affleurent de nombreuses qualités : chaleur humaine, ruralité et urbanité et ses chantiers que furent la lutte contre les accidents de la route, le cancer et l’insertion des handicapés. Ce n’est pas pour rien qu’il était la personnalité préférée de ses compatriotes avec les Jean Jacques Goldman, Renaud… Après les multiples hommages de Monsieur-tout-le-monde mais aussi de personnalités et de l’office œcuménique à l’Eglise Saint Louis des Invalides hier 29 septembre, la cérémonie officielle d’Adieu a lieu aujourd’hui 30 septembre 2019 au même endroit, suivi de la messe de requiem à l’Eglise du Saint-Sulpice de Paris.

L’Histoire ne repasse pas les plats mais son bégaiement ou plutôt ses similitudes laissent parfois pantois plus d’un mortel.

Ce jour devant le caveau des Chirac, au cimetière de Montparnasse où repose sa fille Laurence décédée en 2016, a été inhumé ce grand président de la Ve République après De Gaulle. Autour du caveau, se sont tenues Bernadette Chirac, leur fille Claude, Mme Salat- Baroux (et son petit-fils Rey Chirac) comme il y a plus de 50 ans, se tenaient au cimetière Colombey-les-Deux-Eglises, devant le caveau des De Gaulle, 2 femmes en deuil, Yvonne De Gaulle et sa fille Elisabeth, Mme Boissieu. Certes, le cercueil de Chirac n’a pas été transporté sur un engin blindé de l’Eglise Saint-Sulpice au cimetière de Montparnasse comme le fut celui de De Gaulle de la Boisserie au cimetière.

Certes, on est loin des 83 chefs d’Etat et de gouvernement pour De Gaulle, une trentaine pour Chirac, mais, ce sont deux images séparées par le temps, mais superposables, de par l’idéologie et la ressemblance.

Pour les Africains, Chirac a incarné les valeurs de l’homme du 18 juin, un peu par la taille, mais surtout par sa posture.

La chefferie ne va pas sans le prestige, un précept gaullien qui l’habita et qui se retrouve chez chaque Africain, même dans les sociétés acéphales. Ne dit-on pas que Chirac a rêvé d’être un chef d’Etat africain qui serait vénéré, avec tous les flonflons qui vont avec ?

Au Burkina Faso, une anecdote fait cas d’une rencontre entre le 2e président de l’ex-Haute-Volta, le général Sangoulé Lamizana et le président De Gaulle. On fit savoir au n°1 voltaïque, qu’avec De gaulle, il était en présence de son homologue. Donc, pas de ‘’ration’’, entendez pas de garde-à-vous ! Rien n’y fit, à Paris, le général Lamizana fera le garde-à-vous au général De Gaulle. L’esprit de corps a dépassé la fonction présidentielle !

Chirac a su aussi être dans la peau de ce grand personnage que fut la référence De Gaulle qui plaisait tant aux Africains, fiers à l’époque d’avoir combattu à ses côtés contre les hordes Hitlériennes. Si donc pour l’Afrique et pour l’ex-glacis français, c’est la fin d’une époque, celle de la Francafrique, du «Papa m’a dit», et des arrangements tordus, son legs ne s’arrête pas à ces rapports frelatés :

Le chiraquisme est une continuation de la lutte contre l’extrémisme. Chirac en sera le grand bénéficiaire face à Lepen au second tour avec plus de 80%, mais, lorsqu’on lui demanda ce qu’il voudrait qu’on retienne de lui, il répondra : ‘’la tolérance’’.

A l’heure où la cohésion sociale et le vivre-ensemble s’effilochent au Sahel en Afrique où les extrémismes et terrorismes sévissent, c’est une valeur que chérissent les Africains, qui font que le sobriquet-valise que porte le disparu «Jacques l’Africain» prend tout son sens.

Au-delà de cette considération, son discours sur la rafle du Vel’d’Hiv, bien que concernant l’antisémitisme va droit au cœur des Africains, car c’est un discours universel sur des valeurs cardinales.

Enfin, quel Africain n’est pas tenté de s’approprier son fameux «dialogue des cultures» qui va au-delà du Musée du Quai Branly et touche également l’universalité ?

Des attaques aux USA du 11 septembre 2001 aux différents conflits dans le monde, Chirac a toujours été opposé aux divisions, ce que beaucoup ont appelé sa «boîte à outils» : le dialogue des cultures !  Américains, Européens, Indiens, Africains, pour celui qui repose désormais au cimetière de Montparnasse, le langage des cultures était la panacée contre toute violence.

Si donc en politique, Chirac fut un échec africain, sur le plan culturel, il passera à la postérité pour le grand gaulliste amateur des repentances mémorielles, mais aussi ami des peuples tolérants.

Sam Chris

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