Obsèques de Kofi Annan : L’Adieu à un digne fils africain

Obsèques de Kofi Annan : L’Adieu à un digne fils africain

Le dernier hommage a été rendu à cet homme qui a marqué à jamais le monde. Le premier ressortissant d’Afrique subsaharienne à atteindre la plus haute fonction internationale est définitivement parti. Laissant à la postérité, un exemple de don de soi, de combat pour l’être humain, de conviction intime et profonde en l’humanité de l’homme.

Ce 13 septembre 2018, le Ghana n’a pas dit  adieu à son fils, c’est toute l’Afrique. Thomas Sankara aurait dit qu’il est plus africain que Ghanéen. L’universalité du personnage en imposait. Car Kofi Annan n’appartient plus aux Ghanéens. Graça Machel, veuve de Nelson Mandela, le dit : «Kofi était autant Ghanéen que Sud-Africain, Mozambicain ou Zambien». Il a pris la nationalité africaine et du haut du fauteuil de secrétaire général des Nations unies, on l’a vu descendre et se retourner vers ses frères africains. On se rappelle qu’en 1998, il a publié ce  rapport sur les causes des conflits et la promotion d’une paix et d’un développement durable en Afrique pour réduire les tensions politiques et la violence, aux niveaux internes ou inter-Etats, et pour relever les grands défis que sont la dette, la gouvernance et la propagation des maladies comme le SIDA.  On lui doit aussi les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), qui devraient à l’horizon 2015, donner un visage plus humain au combat pour le développement.

Il y a eu des secrétaires généraux de l’ONU. Mais il serait bien pour l’humanité, pour le bien de cette planète, qu’il y ait beaucoup de secrétaires généraux de l’ONU comme Kofi Annan. La paix vissée au corps et aux actions, ses actes, ses victoires sur la guerre et le nouveau souffle qu’il a donné à la mission de l’organisation mondiale ont fini de montrer aux yeux du monde un homme d’une particularité exemplaire, qui a su rester les limites de l’hémisphère de l’humilité et du don de soi.

Certes, il a eu des défauts. Des échecs ont marqué ses initiatives. Mais il a su les reconnaitre et les assumer en toute modestie et responsabilité et a essayé d’en tirer des leçons pour parfaire son travail. Le 18 août 2018, il a été arraché à son sacerdoce qu’il a continué à défendre sous d’autres étendards. Qu’il repose en paix et que des graines de paix qu’il a semées, germent les bourgeons d’une nation mondiale mieux tournée vers la promotion de la valeur la plus importante de l’être humain : l’humanité.

C’était de la bonne graine, cet enfant de notable Ashanti, qui vit le jour en avril 1938, à Kumassi au Ghana, l’ex-Côte d’or. Nanti des parchemins du Macalester Collège de Saint Paul dans le Minosota (USA), puis du Massachussets Institute of Technologie (MIT) (USA), il passera 40 longues années dans le système des Nations unies, avant de se hisser sur le toit de l’immeuble de verre qui surplombe Turtle Bay à Mananthan.

Dix ans durant, de 1997 à 2007, Koffi Annan fut le premier Africain noir subsaharien à diriger l’ONU avec efficacité, tact et fermeté, sans pour autant se départir de son flegme, symbolisé par un regard doux, qu’on devinait pourtant dirigé vers un monde de paix.

La paix, le Prix Nobel de paix 2001 et premier responsable onusien en avait besoin, lui sui géra des pétaudières sanglantes que furent le Darfour, le Soudan et surtout l’Irak. A l’image d’un lointain devancier Dag Hammarskjöld qui eut «ses guerres» à gérer telles, «la guerre froide», les conflits Israël-Pays arabes, ou récemment, de Ban-Ki Moon, avec principalement la Syrie, Koffi Annan eut la sienne, ou plutôt, subi les conséquences, d’une guerre qu’il aura de bout en bout rejeté les justificatifs provoquant l’ire noire des néocons de la galaxie du président Georges W. Bush : l’Irak. Un épisode marginal par rapport à l’ensemble de son travail. Physiquement, Koffi Annan n’est plus, mais il aura fait œuvre utile, qui lui survivra, pourvu que ceux qui prendront le flambeau en soient aussi dignes.

Ahmed BAMBARA

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