Obsèques des 6 suppliciés chrétiens de Dablo : Entre larmes, colère et appel à l’union sacrée

Obsèques des 6 suppliciés chrétiens de Dablo : Entre larmes, colère et appel à l’union sacrée

Horreur. Douleur. Colère. Incompréhension. Des questions qui taraudent plus d’une personne ce 13 mai à Dablo, après l’enterrement des fidèles catholiques, dont un prêtre, froidement assassinés par des terroristes. Comment des êtres humains, nés de femmes, élevés par des hommes, qui se targuent de mener un combat que Dieu ne leur a pas demandé, peuvent-ils réunir d’autres hommes dans une maison de Dieu et les abattre ? Froidement ? Sans raison ? Des hommes qui imploraient Dieu. Des hommes qui demandaient peut-être la paix et le pardon divins pour ceux qui sont ensuite venus les remercier avec le langage de la mort ?

Et pendant ce temps, que faisaient les forces de défense et de sécurité ? Où étaient-elles ? Certes, ce ne sont pas des questions qui fuseront devant les messages d’apaisement et imbibés de sagacité diffusés par les hommes de Dieu à Dablo. Mais ce sont des questions qui doivent animer  le cœur des proches de ses martyrs. Le cœur aussi de n’importe quel Burkinabè. Car, il est certain, que ces coups répétitifs de ces fous de Dieu commencent à peser sur le moral. Et pourtant c’est quasiment à une mortification, à une transcendance à la Platon qu’a demandé l’archevêque métropolitain de Koupéla Mgr Séraphin Rouamba, lors des obsèques.

La foule de protestants, catholiques, musulmans et coutumiers venus dire Adieu aux 6 suppliciés de Dablo était la preuve vivante qu’au Burkina Faso, il n’y a pas de problèmes confessionnels.

Disciples de Mohamed, du Christ et des mânes des ancêtres ont toujours vécu en osmose.

Et là dans ce cimetière de la commune où reposent désormais les 6 martyrs de Dablo, les populations se souviendront, qu’ils sont les victimes d’une barbarie  moyenâgeuse, qui plus est gratuite et éperdue.

Après avoir pilonné les forces de défense et de sécurité, après avoir effrayé le corps de l’enseignement, après s’être introduit pernicieusement dans le moral de ceux qui aident les forces armées, les voilà qui s’en prennent désormais aux catholiques et aux évangéliques. Ayant pincé sans succès la corde de la division ethnique, essayant de lancer les Burkinabè les uns contre les autres, les voilà en train désormais d’essayer de jouer la carte de la haine intereligieuse.

Il est clair que ce chemin ne va pas prospérer. D’abord, la cohabitation religieuse au Burkina, hormis quelques couacs plus intrinsèques à des considérations individuelles, est un exemple de tolérance et de compréhension. Ramadan, Tabaski, Noël, Pâques resteront des moments où la cohésion entre les différentes confessions au Burkina est magnifiée, exaltée. Ce ne sont donc pas ces tueries immondes qui réussiront à effriter ce mur fabriqué avec la crème de l’intelligence humaine.

Condamnation tout azimut à l’international tel l’ONU, son SG Antonio Gutteres et au plan national.

Pour une des rares fois en effet, toute la classe politique, toute tendance confondue a flétri cette attaque de Dablo.

Du président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré au chef de file de l’opposition, Zéphirin Diabré, en passant par le ministre de l’Administration territoriale, Siméon Sawadogo, qui assistait à l’inhumation, tous ont dit ‘’Non’’ à cet innommable, à cette «barbarie».

Ils ont délivré quasiment le même message : les terroristes veulent semer la zizanie entre les Burkinabè, afin de mieux attaquer le pays. D’où la même tonalité à l’appel à une union sacrée. car à présent, ce n’est ni le MPP, ni le pouvoir, ni l’opposition qui paie ce prix du sang, mais bien d’innocents Burkinabè qui n’ont rien à voir avec les affaires politiques ou économiques.

Le Burkina peut être attaqué, il peut plier, mais jamais, il ne romprera. Souvent attaqué, parfois très blessé, mais jamais coulé.

Cependant, si face à cette tragédie de Dablo, les cœurs sont à l’unisson pour rejeter ces assassinats, la discordance demeure quant à la capacité, aux moyens, que le pouvoir actuel déploie pour circonscrire ce fléau.

Car c’est au moment même où est en branle une opération militaire d’envergure dans le Sahel dénommée «Ndofo», déraciner en langue fulfuldé, qu’est perpétrée la tuerie de Dablo, au Centre-Nord du pays, cela ressemble à un pied de nez fait aux FDS, qui pourtant ont repris du poil de la bête ces derniers mois.

N’empêche, qu’en dépit de ces embellies, ces dernières semaines ont été noircies par une foultitude d’attaques, non-revendiquées, soit, mais dont les cibles (personnalités, symboles religieux et coutumiers) et la géographie font tourner les curseurs sécuritaires vers le Nord-Mali, où l’Etat central est quasi-inexistant. Au Sahel burkinabè, notamment à Arbinda et certaines localités de Djibo, sont sans écoles, sans sécurité, sans centre de santé et la peur gagne d’autres localités loin de ce Sahel, l’absence de l’Etat est donc palpable.

Pire, il apparaît aussi que des velléités d’implanter des sociétés dites islamistes animent aussi ces messagers de la terreur. Cela a déjà été vu au Mali. Il appartient donc au détenteur de la force publique d’enfourcher son cheval pour ferrailler contre ces desseins qui sont tout, sauf catholiques encore moins musulmans.

Et si c’est par le canon, qu’il faut pacifier toutes ces zones, la paix réelle non fourrée est l’affaire du gouvernement et c’est là que se situe la ligne de fracture entre la classe politique, pour ne pas dire entre les Burkinabè, lesquels font chorus derrière le même leitmotiv : là où passent les Burkinabè, les djihadistes ne doivent pas passer.

Ahmed BAMBARA

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