Obsèques  d’Hosni Moubarak en Egypte : Grandeur et misère d’un pharaon

Obsèques  d’Hosni Moubarak en Egypte : Grandeur et misère d’un pharaon

Dernières prières au Raïs Egyptien décédé le 24 février dernier au Caire. Le Tout-Etat avec le président Al-Sissi en tête a rendu un hommage à celui qui régenta la pays des pharaons pendant 30 ans. Retour sur une vie remplie.

Hosni Moubarak eut mille et une vie, depuis sa naissance le 4 mai 1928 dans le delta du Nil jusqu’à sa mort ce 25 février 2020, à l’hôpital militaire de Galaa au Caire, en passant par le jeune premier qu’il était de l’Académie de l’air égyptienne du Caire de la promotion 1950, et ses hauts faits d’arme, dans les années 70 lors de la guerre Egypte-Israël, Hosni Moubarak est un survivant.

Pas moins de 6 attentats vrais dont le plus emblématique reste celui du 26 juin 1995 à Addis Abeba perpétré par la Jamaat Al-Islamiya, et duquel, il ne dû la vie sauve que grâce à sa voiture blindée et à l’entregent de son chauffeur, qui fit demi-tour pour s’engouffrer dans l’avion du raïs qui décolla.

Vrais-faux complots et leurres préludes à des purges contre des frères d’armes ont émaillé le règne de Moubarak. Il fut l’homme aussi qui remit les frères musulmans au pas, pacifia l’Egypte surtout après la boucherie de Louxor en 1997, qui fut dommageable pour le tourisme égyptien.

Au demeurant, son étoile a commencé à scintiller après un régicide, celui du président Anour El Saddate le 13 octobre 1981, lors d’un défilé militaire, Moubarak, en tant que vice-président échappa miraculeusement aux rafales des mitraillettes tirés aux juchés sur la tribune d’honneur. Le lendemain Moubarak était revêtu de la tunique de président.

Mais si sa baraka proverbiale, ou disons plutôt son sens de la survie, héritée des années dans l’armée, il ne se déplaçait pas moins avec 10 véhicules identiques tous blindés, si le prudentissime Moubarak a échappé à ses ennemis, envers lesquels, il était impitoyable (exécutions, condamnations lourdes), il en fut un danger imprévu, une brûlure, dont il n’avait pas prévu l’étincelle qui lui fut fatale : la bourrasque de la place Tahrir, qui le malmena du 25 janvier, jusqu’à le décoiffer le 11 février 2011, un 2e printemps arabe, qui déboulonna le raïs égyptien après le Tunisien Zine Ben El Ali.

Après 30 ans d’un règne d’une main de fer dans un gant de fer, le pharaon rendit les armes, car le spectacle de ses frères d’armes, pactisant avec les révolutionnaires place Tahrir étaient une sorte d’hallali pour lui, habitué à commander et à imposer l’ordre. Du reste, lors de ce printemps du Nil, 850 manifestants en feront les frais à la place Tahrir et ailleurs.

A partir du 11 février 2011, s’ouvrira une période d’infamie pour ce quasi demi-dieu égyptien, qui ira de prison en libération jusqu’en 2017 où il fut élargi après 9 ans de bagne. L’image d’un Moubarak en cage étalé sur une civière entouré de ses 2 enfants et de son épouse, était pitoyable quand on revoie les réminiscences de ce long et glorieux règne trentenaire.

Ses devanciers Gemal Abdel-Nasser, et Anour El Saddate sont morts sur le fauteuil présidentiel, lui est mort hors du pouvoir, après avoir été trainé dans la boue, et couvert d’humiliations.

Une infortune qu’il doit au printemps arabe, à cette révolution, venue de nulle part, née à Sidi Bouzid, en Tunisie, et atterrie au bord du Nil. Ce 25 février 2020 signe la seconde mort pour Moubarak, qui ne concevait plus la vie hors présidence. Il est une victime au long cours de la révolution printanière, car depuis février 2011, Moubarak était l’ombre de lui-même. Grandeur et misère du pouvoir absolu. Entre le capitole et la roche Tarpeienne, il n’y a pas souvent on le sait, de place pour du papier à cigare.

Sam Chris

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