Ordonnance de la CADHP sur l’affaire Soro : un verdict qui va embarrasser Ouattara

Ordonnance de la CADHP sur l’affaire Soro : un verdict qui va embarrasser Ouattara

 Décidemment, Guillaume Soro a la peau dure. Et ce n’est pas son ancien mentor Alassane Ouattara qui dira le contraire. Hier, mercredi 22 avril 2020, au terme de longues délibérations, la Cour africaine des Droits de l’homme et des peuples (CADHP) a ordonné la suspension du mandat d’arrêt délivré par la justice ivoirienne contre Guillaume Soro.

Dans son ordonnance, la CADHP va même plus loin en exigeant la libération des députés détenus arbitrairement dans cette affaire. Double victoire judiciaire et politique pour l’ancien secrétaire général des Forces nouvelles, qui face à ce qu’il a qualifié de cabale politique contre sa personne qui avait introduit une requête auprès de cette Cour pour que sa cause soit entendue par des oreilles plus attentives. La CADHP justifie son verdict par le caractère illégal du mandat délivré par la justice ivoirienne contre Guillaume Soro. «Le mandat d’arrêt délivré par la justice ivoirienne est illégal et ne respecte pas les formes juridiques nécessaires», en a conclu la Cour africaine.

Cette conclusion vient confirmer les appréhensions de nombres d’observateurs qui avaient vite perçu le retour manqué de l’enfant de Ferké en Eburnie après six mois passé en Europe, du fait de ce mandat lancé à la hâte comme une parodie. Visiblement, Alassane Ouattara, dont les relations se sont brouillées avec son ex-protégé ne veut plus croiser le chemin de ce «fils rebelle» qu’il a du mal à maitriser. Et la trouvaille était toute simple à échafauder, utiliser l’appareil judiciaire que l’on sait aux mains de l’exécutif comme c’est le cas sous nos tropiques, pour «régler des comptes politiques», en écartant Soro de la course à la présidentielle d’octobre prochain. En justification de ce mandat d’arrêt, la justice avait présenté un enregistrement audio d’une conversation de Guillaume Soro et un sulfureux homme d’affaires. Dans cet enregistrement, Guillaume Soro évoquait ses multiples soutiens au sein de l’armée pour justifier sa sérénité face aux crocs en jambe dont il pourrait faire l’objet en cas de tambouille. C’était donc du «lourd» aux mains de la justice ivoirienne que le procureur Richard Adou s’en était précipité à présenter à la presse. C’est alors que le 23 décembre 2019, alors qu’il avait pris place dans un jet privé en direction d’Abidjan, Soro sera contraint de faire demi-tour pour éviter d’être alpagué dès son atterrissage. Le lendemain, la messe était dite «tentative de déstabilisation du régime Ouattara», plusieurs de ses proches dont deux de ses frères seront mis aux arrêts et déposés à la MACA.

Mais nul n’est dupe, toutes ces gesticulations avaient été interprétées comme des moyens futiles pour porter un coup de frein aux ambitions du prédécesseur d’Amadou Soumahoro au perchoir.  Visiblement, les malheurs de Guillaume Soro ont pris forme le jour qu’il a claqué la porte du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) cher au président Ouattara. Ce «Non» n’avait pas été digéré par ce dernier qui s’était juré de lui faire rendre gorge.

Avec cette ordonnance de la CADHP, c’est une nouvelle page qui s’ouvre dans ce dossier qui dégageait une forte odeur de cabale et de collision entre politiques et judiciaires. Avait-on sacrifié le droit sur l’autel de la politique ? S’il y a des gens qui trépignent à l’idée que ce délibéré puisse leur apporter du bien ce sont bien les 20 proches de Soro, dont 5 députés qui croupissent en prison depuis le 23 décembre 2019. Quel sort Abidjan va-t-il réservé à ce verdict ? Guillaume Soro pourra-t-il enfin rentré retourné au bercail en homme libre et se porter candidat à la prochaine présidentielle ?

A toutes ces interrogations nul ne saurait répondre avec certitude. Mais une chose est sûre, la CADHP vient de jeter un gros pavé dans le landerneau politique ivoirien et dont l’encéphalogramme politique en ces temps de Covid-19 pourrait grimper.

La Rédaction

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